TRIBUNE LIBRE : NOMMER LE DANGER A VENIR, L’ISLAMISME

Si nous, nationalistes, avons toujours su dénoncer et combattu les dangers qui menaçaient notre Peuple (colonialisme, clanisme, extinction de la langue corse, dérive mafieuse, etc), alors il nous appartient de nommer désigner, et combattre un nouveau danger : le péril islamiste qui vient précisément batte en brèche la notion même de communauté de destin.

PREAMBULE

Nous devons nous adresser prioritairement au Peuple corse, dans toutes ses composantes, et donc bien évidemment aux populations de confession musulmane résidant dans l’île se reconnaissant comme partie prenante de notre Peuple, et donc de ses aspirations émancipatrices.

Tout d’abord, quelques mots du romancier et essayiste algérien, Boualem SANSAL, extraits de son livre « Gouverner au nom d’Allah » (2013) :

« Occupés par nos bonnes actions progressistes et nos commémorations historiques – nous avions également nos propres martyrs à honorer – nous ne prêtions qu’une lointaine et condescendante attention à cette vague venue de ce Moyen-Orient ténébreux que nous ne connaissions que par le cinéma égyptien et les merveilleuses chansons de FAIRUZ et d’OUM KHALTOUM.

Quelques années plus tard, nous découvrîmes, presque à l’improviste, que cet islamisme qui nous paraissait si pauvrement insignifiant, s’était répandu dans tout le pays à travers le réseau de nos mosquées et de nos souks où il dispensait ses prêches et écoulait ses manuels, et avait gagné le cœur des gens, les jeunes notamment, en rupture avec le monde étriqué et sans horizon que leur promettait le socialisme bureaucratique au pouvoir.

Nous étions admiratifs, il y avait dans le regard de ces « fous d’Allah » une force qui semblait capable de déplacer des montagnes. Nous les avons vus ensuite multiplier les revendications culturelles et sociales, qui consistaient en interdictions et en obligations très précises, que le pouvoir inquiet, qui au cours des ans avait beaucoup perdu de sa verve révolutionnaire et de son aura héroïque, faisait siennes avec un empressement tactique honteux, enfonçant par là le pays dans une régression mentale porteuse de tous les dangers. C’en était fini de la mixité révolutionnaire entre étudiants et étudiantes et des tenues légères qui allaient si bien à nos filles. »

Ces lignes écrites par un homme qui, aux heures les plus noires de l’histoire contemporaine de l’Algérie, fut considéré comme un « ennemi de l’intérieur », tant par le régime des généraux que par les djihadistes du FIS et du GIA, résonnent de façon particulièrement juste, profonde et prémonitoire dans la France et la Corse de 2016. En quelques mots est e effet retracée la genèse de l’islamisme en Algérie et dans tous les pays du Maghreb (de la Mauritanie à la Libye) et du Machrek (Moyen Orient hors Péninsule arabique, intégrant l’Egypte).

Depuis la parution de cette essai, nous avons notamment connu les tragédies de l’Hyper Kasher, du Bataclan et de Nice ; depuis, en Corse, nous avons vécu les évènements des Jardins de l’Empereur, l’affaire de l’Imam de l’Ecole des Jardins de l’Empereur, et enfin les provocations de la plage de Siscu.

Nous ne pouvons plus faire comme si rien ne s’était passé, nous ne pouvons plus faire notre un discours frileux et incantatoire, nous ne pouvons plus continuer à nous murer dans un silence peu conforme aux engagements qui ont été les nôtres ces 50 dernières années, nous ne pouvons plus, nous nationalistes, éviter le nécessaire, attendu et salvateur débat sur la question de la laïcité, face à l montée de l’islamisme.

Nous devons initier une telle réflexion d’autant plus que l’enracinement de la Paix et de la Démocratie en Corse sont aujourd’hui à portée de main.

Face à l’avancée du péril islamiste, la Corse, de par sa spécificité historique, culturelle, sociologique, politique, est en mesure d’avancer des éléments de réponse, des moyens de riposte, des voies de règlement pouvant confiner et réduire le danger ; mais cela ne sera possible qu’à la condition expresse de nommer les choses, de nous démarquer catégoriquement des approches contre-productives opérées par Paris, les médias et une grande partie du monde intellectuel, à savoir :

– 1°) les circonvolutions sémantiques, les éléments de langage et autres vocables « tournant autour du pot », tels que « fondamentalisme, intégrisme, radicalisme, islam politique », etc…

Nous devons, bien au contraire, nommer le « cœur de cible », à savoir L’ISLAMISME, afin d’éviter les amalgames stigmatisant l’ensemble des musulmans et interdisant par là-même toute action claire, déterminée et efficace.

– 2°) le discours éthéré des adeptes de la théorie de « la nation ouverte » (Georges SOROS) :

repris tout à la fois par les tenants de l’ultralibéralisme, les « néoconservateurs » et les partis européens de gouvernement socio-démocrates ou libéraux ; en effet, ce discours conduit à des situations de déstabilisation généralisée d’ordres démographique, culturel, économique, faisant le lit du populisme e de l’extrême droite.

C’est le discours bien-pensant du « vivre ensemble » néantisant les problématiques engendrées par des politiques migratoires effrénées favorisant l’arrivée massive sur le continent européen de populations essentiellement musulmanes, fragilisant des pays entiers, favorisant le développement de thèses populistes voire fascistes et posant les conditions objectives d’une guerre civile généralisée.

Ce discours est d’autant dangereux, qu’il se refuse à intégrer et à reconnaître les dangers inhérents aux dérives communautaristes et à l’imprégnation de cette communautarisation par les réseaux islamistes.

– 3°) le discours « lepenniste », cristallisant la dérive communautaire :

s’en nourrissant, accentuant les lignes de fractures religieuses et culturelles menant inéluctablement à une logique de guerre civile à et confortant par là-même les partisans du « plutôt RAMADAN que MARINE », alimentant eux-mêmes le populisme, accentuant la fracture entre le Peuple et la Classe politique et accélérant l’échéance de futurs affrontements… Bref, le cycle infernal.

En effet, le discours lepenniste ne ciblant pas précisément le seul danger réel, à savoir celui de « l’islamo-fascisme », conduit au résultat inverse à celui recherché, à savoir le repliement identitaire des populations musulmanes et la récupération de ce phénomène par les islamistes.

4°) le discours et les solutions « laïcistes » :

visant, sous couvert de lutte contre le « fondamentalisme religieux » (en fait l’islamisme), à imposer des règles drastiques concernant le port, l’exposition ou la démonstration de signes religieux, également aux religions (christianisme, judaïsme, bouddhisme, notamment) ne posant aucun problèmes au cœur dans nos sociétés, et ce depuis des décennies.

Cette référence récurrente à la laïcité, ne nommant pas clairement l’islamiste, n’empêchera pas à ce dernier de continuer à se propager.

NOMMER CLAIREMENT L’ISLAMISME AFIN D’EVITER LES AMALGAMES,

IDENTIFIER LE « CŒUR DE CIBLE ISLAMISTE »

Le philosophe et historien Marcel Gauchet a dit :

« L’islam est divisé entre attraction et répulsion à l’égard du monde occidental. Une grande partie des musulmans est de notre côté. C’est cette division que nous devons exploiter. Mais cela nous oblige à repenser politiquement ce que nous avons l’habitude de ne traiter qu’au niveau de la conscience individuelle. Pour nous, la religion est une affaire personnelle. L’islam nous confronte à autre chose. »

Depuis les premiers graves attentats ayant frappé l’Europe et la France, le discours dominant emprunte toute une série d’éléments de langage s’efforçant de ne pas lier cette violence à l’Islam et ce faisant, taire le véritable danger que représente l’islamisme, lequel ne suppose intrinsèquement aucun amalgame.

D’autant qu’aujourd’hui, en 2016, les services de renseignements estiment à 15.000 le nombre d’islamistes dits « radicalisés » se trouvant sur le territoire français et à environ 3.000 le nombre d’islamistes djihadistes français combattant en Syrie e en Iraq.

Il est donc urgent de ne plus se murer dans le silence et dans le déni, en ne nommant pas clairement le danger, en n’identifiant pas le « cœur de cible » ; en nous enferrant dans schéma, il sera impossible d’enrayer la propagation de l’islamisme aujourd’hui reconnue et actée par tous les observateurs objectifs.

Le Pouvoir, les médias, la classe politique devrait avoir pour tâche première d’identifier ce qu’est effectivement l’islamisme afin de dégager ensuite des réponses efficaces à son éradication.

I – QU’EST-CE-QUE L’ISLAMISME ?

La génération spontanée n’existe pas, et ce postulat vérifié depuis de siècles, concerne également le phénomène islamiste. D’aucuns voudraient, à longueurs d’éditoriaux, de commentaires, d’expertises, voire de déclarations politiques, que l’islamisme n’existerait pas. Le discours dominant nous explique que l’on assisterait en fait qu’à des phénomènes de radicalisation individuelle rapides, voire à une « islamisation de la radicalité »…

Or, l’islamisme aujourd’hui apparaît notamment en Europe, principalement sous sa forme salafiste ou « Frères Musulmans », et cette forme d’extrémisme religieux, prosélyte et violent, à une histoire et s’est fixé des objectifs stratégiques et tactiques. C’st à sa gènèseque nous devons d’abord nous attacher.

A / LA GENESE DE L’ISLAMISME

1°) La chronologie islamiste : Une lecture chronologique de l’ascension de l’islamisme contemporain peut nos éclairer sur ce qui est en train de se passer en Europe en ce début de XXIème siècle.

Il faut en effet savoir que, dans le monde musulman, les mouvements islamistes ont voulu développer, dès les années 80/90, un processus de transformation de cette aire originelle.

L’objectif en était multiple :

– contrecarrer le développement des valeurs humanistes universelles,

– empêcher l’avènement de régimes laïcs,

– empêcher l’enracinement d’un « islam moderne »,

– stopper la progression du communisme et de la démocratie,

– fragiliser les mouvements de revendication nationale (OLP, FLN) par trop laïcs.

Le courant islamiste a ainsi su profiter de l’affaiblissement des mouvements nationalistes révolutionnaires laïcs ; il a su profiter également d’un phénomène de corruption généralisée associée à une paupérisation galopante de la population.

Au travers de cette corruption bien réelle, par extension, les islamistes ont entamé une campagne massive de dénonciation de l’occidentalisation des mœurs elle-même à l’origine, selon eux, de « la dépravation des mœurs et de la morale islamique ».

Sur ces bases, ils ont commencé à installer des pratiques, des modes vestimentaires et surtout une police morale dans les universités, foyer de la contestation de la libéralisation et des revendications démocratiques, mais également à l’encontre des femmes.

Dans le prolongement de cette implantation de terrain, ils on su développer une puissante machine de propagande en créant de grands trusts dans les médias, l’édition, la presse écrite, puis plus tard via la création de chaînes de télévision, de radios de grande qualité technique, et enfin au travers des réseaux sociaux.

Autre vecteur d’implantation et d’enracinement de l’islamisme, l’animation et le contrôle de très nombreuses associations religieuses, d’aide alimentaire, humanitaire et sociale, éducative, sportive, mais également de défense des droits et de protection des intérêts des populations musulmanes. Dans ce registre, Les Frères Musulmans sont, aujourd’hui, les plus actifs, les plus efficaces et les plus présents.

Mais le véritable terreau de l’islamisme dans les pays musulmans ces 30 dernières années réside certainement dans la somme des désillusions ressenties par les populations arabes qui n’ont jamais connu de vie décente, malgré l’indépendance des nations arabes, malgré les mannes pétrolières ou gazières, malgré l’installation d’Etats laïcisés, malgré des régimes se revendiquant du socialisme, du libéralisme ou du panarabisme.

Du fait de tous ces errements, de ces rendez-vous ratés, de la corruption généralisée, de l’extension de la paupérisation, l’islamisme est apparu comme révolutionnaire, moralisateur aux yeux de toutes les catégories sociales.

– 2°) Les objectifs des islamistes :

L’objectif premier de l’islamisme réside dans la transformation du monde musulman, aussi bien dans l’aire historique de l’Islam qu’en Europe occidentale, et ce par la recherche d’une emprise et d’un contrôle progressifs et directs sur la société.

Cet objectif prend la forme d’un projet politico-religieux né dans les pays musulmans et qui commence à toucher l’Europe ; partout où l’islamisme a ancré sa dynamique e s’est installé, nous pouvons retrouver les mêmes éléments constitutifs, à savoir notamment :

– l’islamisme sacralise le territoire, devient hégémonique et entre en conflit avec les identités, croyances et traditions locales ;

– l’islamisme s’inscrit dans une démarche offensive (endoctrinement, recrutement, prosélytisme, construction de lieux de cultes et mosquées, installations d’écoles coraniques,..) ;

– l’islamisme tisse un réseau d’organisations de portée nationale ou internationale (caritatives, humanitaires, religieuses…), oeuvrant pour son expansion et financées par des Etats (Qatar, Arabie Saoudite, Pakistan,…).

Sur ces bases, la transformation sociétale constitue l’enjeu majeur de l’islamisme ; les moyens pour y parvenir sont de plusieurs ordres :

– des moyens classiques : la prédication, l’action politique, l’action caritative, l’éducation, le lien social ;

– des moyens plus sophistiqués : l’entrisme auprès des grands corps (police, armée, administration, universités, justice, médias,…) ;

– des moyens structurels : organisations civiles, associations de quartier, organisations de défenses des droits, autant de structures animées ou gérées par des « islamistes modérés » maîtrisant les législations nationales, l’organisation administrative, les fondamentaux des droits individuels ;

– des moyens plus coercitifs : ceux-ci vont du harcèlement, à la censure, à l’anathème, à la menace, à la terreur ;

– des moyens de propagande : réseaux sociaux, médias, action psychologique, etc.

L’objectif final est de soumettre progressivement les populations musulmanes, par cercles concentriques de plus en plus larges ; ceci est d’autant plus aisé que ces populations sont bien souvent paisibles et passives devant l’activisme islamiste ; ce silence touche également nombre d’intellectuels et est bien souvent interprété comme un consentement.

Ce manque de réactivité de la majorité musulmane, de la « rue musulmane », de la majorité, pour le coup silencieuse des musulmans, fait le jeu des islamistes puisque étant interprétée comme une caution aux dérives islamistes.

Pour toutes ces raisons, il convient urgemment de mettre à jour tout à la fois le « corps islamiste », mais également son projet, en prenant soin de bien différencier l’activisme islamiste et les populations musulmanes, afin de tordre réellement le cou aux amalgames.

– 3°) Identifier les organisations supports de l’islamisme et identifier leurs objectifs :

Il faut noter qu’après le succès du « Tabligh » (mouvement piétiste) dans les années 1970, puis celui des « Frères musulmans » (mouvement rigoriste), dans les années 80, nous assistons aujourd’hui à la montée en puissance du « salafisme» (mouvement islamiste essentialiste originel).

Le travail d’identification de l’islamisme dans toutes ces manifestations passe notamment par la connaissance de ses structures supports.

Tout d’abord les « Frères Musulmans », qui manifestent un regain d’activité actuellement en France ; cette organisation contrôle et anime de très nombreuses structures, au rang desquelles :

– le Conseil Islamique d’Europe,

– la Fédération des Organisations Islamiques d’Europe

– l’Union des Organisations Islamiques d’Europe,

– le Fonds Islamique Européen,

– l’Union des Organisations Islamiques de France,

– le Conseil Théologique des Musulmans de France,

– le Collectif Contre l’Islamophobie en France.

Les « Frères musulmans » s’emploient, depuis le début des années 1980, en Europe, à acquérir divers «territoires» privés pour inscrire, dans la durée, leur récit islamiste comme élément du récit national de chaque pays de l’Europe.

Cette opération s’appelle le «Tawtine» ; elle est exécutée par la construction de mosquées-cathédrales, d’acquisitions immobilières, de construction d’établissements scolaires privés, etc. Sans le «Tawtine», le projet Tamkine (« territoire ») ne peut être mené efficacement. Si le Tawtine est l’objectif territorialiste d’une étape, le Tamkine est le but ultime pour que la loi d’Allah, telle qu’elle est comprise par les idéologues et oulémas des frères, domine l’Europe et l’annexe à l’Etat Islamique tant rêvé par les Frères.

* Les codes vestimentaires des frères musulmans sont catégoriques pour les femmes : elles doivent porter le hijab.

Ensuite, les « Salafistes », qui rassemblent aujourd’hui une centaine de prédicateurs, rien qu’en Ile-de-France ; ils y seraient présents dans une trentaine de mosquées et y compteraient 5.000 à 6.000 affidés. Le Grand Lyon compterait une vingtaine de mosquées et oratoires sous influence salafiste et Marseille une douzaine.

Les services de renseignement français estiment leur nombre entre 22.000 et 45.00 pour la France entière ; certains spécialistes parlent même de 90.000.

Ses partisans rejettent tout effort d’interprétation du Coran, ne croient pas aux vertus de la démocratie, refusent totalement toute forme d’intégration, considèrent toutes les autres cultures et civilisations comme impies, mais ne cherchent pas – du moins la majorité d’entre eux – à s’opposer aux gouvernements en place.

Plus que la politique, ce sont la morale, la pratique religieuse, l’emprise sur la société et la prédominance du religieux sur le politique qui les obsèdent, au point de vouer à l’enfer tous les «mécréants» qui ne souscrivent pas à leur vision du monde.

Plus précisément, la purification et l’éducation constituent la motivation première des salafistes : purifier la religion des « innovations » entachant ses préceptes et ses dogmes, pour revenir à la religion transmise par le Prophète ; éduquer les musulmans pour qu’ils se conforment à cette religion et délaissent leurs « mauvaises coutumes », toute autre solution (politique, démocratique ou révolutionnaire) ne faisant que les détourner du bon chemin.

Bien que rejetant les structures formelles traditionnelles (partis politiques, associations, etc), on peut retrouver les salafistes au sein :

– du Rassemblement des Musulman de France,

– de nombre d’écoles coraniques,

– de nombre de mosquées ou lieux de prière investis par les salafistes (2 répertoriés sur Aiacciu – Jardins de l’Empereur et Baleone).

* Les codes vestimentaires des salafistes sont très stricts notamment chez les femmes : elles portent des vêtements amples et longs ; elles portent également le voile intégral de couleur sombre ou la burqa afghane ;

Une fois l’islamisme identifié, il convient de déterminer les moyens à mettre en œuvre afin d’initier, à minima, une« neutralisation » de celui-ci ; mais cela passe d’abord par un rappel des erreurs à ne surtout pas commettre ou réitérer :

B / LES ERREURS A NE PAS COMMETTRE OU A NE PAS REITERER :

1°) La « laïcité extrême » est contre productive :

Celle-ci est proposée comme unique réponse à l’imprégnation social de l’islamisme, associée au refus de nommer « le mal », à savoir l’islamisme, ne réduira pas ce dernier, mais attisera en revanche haines, rancœurs et conflits.

En effet, invoquer la laïcité comme seul et unique étendard du combat contre l’islamisme sera contre-productif ; de même que l’invoquer comme fer de lance d’un combat antireligieux, ne fera qu’amplifier les problèmes en provoquant des réactions d’incompréhension des croyants se reconnaissant de religions sécularisées et apaisées.

2°) L’association des organisations islamistes, ou toutes personnes s’en réclamant, dans tout processus de règlement, doit être bânie :

Cette méthode qui a cours régulièrement voulant laisser croire qu’en associant les islamistes à toute construction, à toute réflexion, à tout projet visant à séculariser l’islam et à le rendre « démocratiquement compatible », constitue une erreur fondamentale.

En effet, la volonté d’entrisme des courants islamistes se joue parfaitement de cette méthode puisque toute synthèse propositionnelle intégrera, de façon plus ou moins étendue, les propositions, objectifs et conditions de ces mêmes islamistes.

Le dernier exemple en date est celui du rapport d’information n° 757, session extraordinaire de 2015-2016, enregistré à la présidence du Sénat le 5 juillet 2016, sur l’organisation, la place et le financement de l’islam en France et de ses lieux de culte, il a été répondu à une fonction symbolique : « Assurer la visibilité du culte musulman au même titre que les autres cultes ».

Il s’agissait, selon la formule reprise, en leur temps, autant par M. Jean-Pierre Chevènement que M. Nicolas Sarkozy, « d’asseoir l’islam à la table de la République » ; dans ce sens, les organisations voulant participer à sa création devaient accepter un texte rappelant les principes de la laïcité.

En introduction de ce rapport, on peut lire : « La situation nationale et internationale de ces derniers mois, de ces dernières années, a placé – bien malgré elle – la communauté musulmane vivant en France au cœur de débats et d’interrogations provoqués par l’amalgame trop fréquent entre l’islamisme radical et l’islam. ».

A l’issue, et à la demande de l’UOIF, l’État a renoncé à la liberté de changer de religion… Voilà donc un exemple concret de l’intégration des organisations islamistes et de leurs représentants à tout projet relatif à l’islam.

Dans une moindre mesure, l’invitation de représentants salafistes aux tables de discussion des deux évènements des Jardins de l’Empereur, fut une erreur à ne pas réitérer.

3°) l’approche « immédiatiste »purement sécuritaire ou « psychiatrisante » est un leurre  :

Il n’y a pas de réponse qui puisse être rapide et efficace à la fois à la question de l’islamisme et de ses dramatiques manifestations. Or, le Pouvoir et les Médias, craignant l’embrasement, se refusant par ailleurs à reconnaître leur angélisme et appréhendant les amalgames généralisés, s’échinent à traiter cette question de façon immédiate sans s’attacher à en discerner les causes profondes, les vecteurs de propagation, l’étendue de la gravité.

Alors, on traite toute action violente, tout attentat, sous l’angle du fait divers, sous l’angle psychiatrique ou bien sous l’angle de la « radicalisation rapide », voire de la radicalisation carcérale, de celle transitant via les réseaux sociaux…

Selon la même logique, le Pouvoir tant de répondre par une augmentation de la présence de forces de l’ordre, voir de l’armée, afin de limiter, freiner ou enrayer les actions à venir.

Ce faisant, les politiques, tant en France qu’en Europe, se refusent à en analyser les causes profondes, et donc à agir à la racine du mal ; et la racine du mal, c’est l’islamisme que l’on se refuse à nommer et identifier.

En Corse, dans un premier temps, suite à l’agression des Jardins de l’Empereur, le Pouvoir Territorial s’est laissé emporter par cette approche bien dans l’air du temps (« vous êtes chez nous chez vous »…), cette approche très « mainstream », qui n’a rien résolu au fond, et qui, de plus, a été très mal comprise, voire très mal vécue par une majorité de Corses.

Ce même Pouvoir Territorial a, très vite corrigé le tir en s’attachant à cibler le mal, à savoir l’islamisme.

4°) les réponses techniques de »déradicalisation » ont montré leur limites :

Les gouvernements européens, empêtrés dans lur approche relativiste, persistent dans leur volonté de « casser le thermomètre », afin de faire disparaître la température. Alors, ils s’attachent à l’écume des choses, à la queue de la comète en usant jusqu’à la corde un élément de langage prétendant identifier à la fois la cause du mal et l’expression du mal, à savoir : « la radicalisation ».

Et donc, au lieu de combattre l’islamisme à la racine, dans ses réseaux, dans son discours, dans son action d’emprise sociale, on prétend combattre un phénomène, un comportement, une attitude : la radicalisation. Et la France, esprit cartésien oblige, se dote de moyens conséquents afin de déradicaliser les jeunes, les détenus, les femmes, les convertis, etc…

Les premiers résultats de cette politique à courte vue, s’avèrent calamiteux, à la lecture des derniers points d’étape opérés ces dernières semaines.

Mais pouvait-il en être autrement ?

5°) Le refus du débat sur l’Islam et ses liens avec l’islamisme est dangereux :

Selon la même logique, le Pouvoir, les médias, les intellectuels se refusent à analyser ce qui fait qu’une religion, l’islam produise en son sein « l’hydre islamiste » ; nous pouvons lire encore une fois ce que dit Boualem Sansal :

« Il faut noter que, relativement à la question du débat sur l’islam, la liberté de parole est également malmenée n Europe où l simple énoncé du mot « islam » bloque toute discussion ou la dirige vers les lieux communs du politiquement correct. Les réactions toujours très violentes des islamistes à la moindre remarque sur l’islam, réactions promptement relayées et amplifiées par le médias, ont fini par dresser une sorte de « mur de Berlin » entre l’islam et la critique que tout home peut émettre à l’endroit de toute idée, fût-elle sacrée.(…) Certains n’osent même plus parler en public de l’islam, des musulmans, des Arabes, de peur de se voir accusés d’islamophobes, de racisme et de vouloir provoquer des conflits intercommunautaires ».

Or, l’islam a généré au fil des siècles, quatre grands courants (le sunnisme, le chiisme, le soufisme, le kharidjisme) plus ou moins orthodoxes, plus ou moins austères, plus ou moins tolérants, ces mêmes courants s’étant, bien souvent déclinés en une multitude de rites (malékisme, hanafisme, chafiisme, hanbalisme, hanbalisme, etc) ou d’écoles (duodécimains, zaïdites, ismaéliens, ghoulâts, etc).

Les Salafistes, les Frères Musulmans sont issus de ces courants divers, de ces écoles plurielles ; ils sont l’une des expressions de l’islam et marquent, chez nombre de musulmans un regain de piété, une volonté de retour aux valeurs premières de l’islam. L’expression « politique » de ces deux derniers courants, passe aussi par le recours à la violence et la terreur, par une volonté d’emprise totalitaire sur la société, par un désir de refondation du monde contemporain, par une volonté de châtiment des pouvoirs ayant oppressé l’islam et les musulmans.

Le salafisme et l’islamisme ne sont donc pas tout l’islam, mais ils en sont une partie, aujourd’hui très active et violente ; le nier, c’est se refuser à vouloir en identifier les causes, et c’est se mettre dans l’impossibilité d’y apporter des réponses efficaces et définitives. C’est pourtant cette voie calamiteuse qui est empruntée par tous les gouvernements occidentaux et par l’Union Européenne.

Une fois identifiés les causes de l’islamisme, ses objectifs et les formes qu’il peut prendre, alors vient l’heure des réponses, des propositions et des solutions.

II – DEGAGER DES PERSPECTIVES ET AFFICHER NOS PROPOSITIONS :

Sur la base de ce constat, des propositions pour la Corse sont possibles, car notre île est l’un des rares territoires où rien n’est encore définitivement engagé, où, du fait du phénomène de proximité, des solutions peuvent encore être trouvées et les fractures définitives évitées.

A / DES REPONSES CLAIRES A LA VOLONTE DE MAIN MISE ISLAMISTE SUR LA SOCIETE

La volonté de contrôler le corps social musulman et plus largement, la société, est à présent bien cernée ; il nous appartient de nous donner les moyens de contrecarrer cet objectif.

– 1°) Réduire et combattre l’investissement de l’espace public et de la sphère intime par l’activisme politico-religieux de l’islamisme :

Il appartient à l’Etat, aux pouvoirs publics, aux collectivités, au monde associatif, aux mouvements politiques de réinvestir l’espace public et d’aller au plus près des habitants, en particulier dans les zones et les quartiers où frappe la misère sociale, où le lien social se délite, où les familles se déchirent, où l’école n’éduque plus et n’instruit plus, autant d’éléments laissant de plus en plus de jeunes sur le bord du chemin.

Ces jeunes abandonnés de toutes parts, dénués de valeurs, de sens, d’espoir, de projets, sont en effet les proies privilégiées des « rabatteurs islamistes » ; car nul ne va au salafisme ou aux Frères musulmans, c’est l’islamisme qui choisit, qui recrute, qui embrigade. C’et l’islamisme qui ensuite fait de ces jeunes les futurs combattants du djihad en leur faisant miroiter, ailleurs, un bonheur, un idéal et une reconnaissance que nul ne leur reconnaît.

Ce réinvestissement du corps social passe donc par des politiques d’action sociale volontaristes et interventionnistes, par un maillage des quartiers sensibles en termes d’installation de services publics de proximité, par un « ilôtage » associatif et social, par une sécurisation de ces quartiers mais égalent par une protection, notamment des jeunes femmes, par une répression sans faille des activistes (religieux o non) faisant pession sur les familles afin « la propagande salafiste » s’affiche de plus en plus dans les rues, dans les écoles, les entreprises ou les plages (voiles, hidjabs, burqas, burkinis, etc).

– 2°) Ne rien céder sur aucun des signes ostentatoires caractéristiques de l’islamisme :

L’un des aspects de ce processus islamiste passe, de façon visible et ostentatoire, par une volonté d’occupation de l’espace public, venant ainsi symboliser l’objectif de mainmise sur le corps social ; cette double volonté d’affichage et d’emprise progressive sur la société passe notamment par la symbolique vestimentaire (voile, hidjab, burkha, burkini,…) que l’on pourrait appeler « propagande voilée », ou par la symbolique culinaire (revendication des menus de substitution en milieu scolaire).

Et l’on ne peut avoir de doute sur le but recherché dès lors que l’on sait que ces codes vestimentaires sont imposés par les représentants les plus extrêmes de l’islamisme, s’appuyant sur une interprétation extensive, pour ne pas dire abusive, de la notion de libertés individuelles, puisque invoquant une pseudo « liberté vestimentaire »…

Sur ces bases, il convient de ne rien céder sur l’affichage de ces signes ostentatoires d’un islamisme conquérant.

Cela passe par la stigmatisation non pas des femmes contraintes à cet affichage vestimentaire, mais à ceux qui font pression sur les chefs de famille afin que leurs filles se conforment à leurs prescriptions moyenâgeuses.

Cela passe par l’identification, la condamnation et l’expulsion de tout imam, prédicateur ou « gardien autoproclamé de l’ordre moral », s’arrogeant le droit de ne pas serrer la main des femmes, prêchant un islam agressif, rigoriste, prosélyte, violent, discriminant, ou proférant des menaces publiques à caractère islamiste, ou enfin essayant d’introduire dans les écoles des comportements, des messages ou des propos à connotation islamiste.

– 3°) L’heure est venue de dire les choses :

Bien évidement, si nous voulons inverser le cours de choses, il appartiendra aux politiques de dire les choses, de dénoncer les situations de parler du danger islamiste sans ambages, afin :

– d’une part, de stopper le logique de l’amalgame qui convient, aussi bien, et de façon paradoxale, aux islamistes, aux populistes et aux immigrationnistes ;

– d’autre part, de dégager des réponses claires ambitieuses et efficaces à l’emprise islamiste, et s’inscrivant dans le moyen et le long terme.

Compte tenu des jeux de Pouvoir, des postures idéologiques et du manque évident de courage politique, caractérisant la classe politique française, et plus globalement le Régime, Paris réagira lentement, frileusement e inefficacement au problème.

En revanche, nous pouvons en Corse, du fait de nos spécificités, du phénomène de proximité et d’une situation globalement encore gérable, trouver des réponses nous permettant d’inverser le phénomène.

Ces réponses devront ‘inscrire dans un « Grand Projet d’Emancipation pour la Corse », à savoir, celui de l’autodétermination.

B / DES PROPOSITIONS S’INSCRIVANT DANS LE PROJET D’EMANCIPATION DU PEUPLE CORSE

– 1°) Réinstaller une laïcité apaisée inspirée du modèle paoliste, expérimenté en 1755 :

Dans ce cadre émancipateur, nous devrons nous réapproprier la vision paoliste de la laïcité, celle qui fit que l’idée de la séparation de l’Eglise et de l’Etat imprégna notre île par un forme de « laïcité tranquille », instaurant une relation privilégiée avec la religion et instaurant une séparation, voire même une indépendance, de l’Etat avec l’Eglise.

Pour rappel :

-la « Reine de la Corse », « a Santa Reghjina » était qu’une reine symbolique sans pouvoirs, mais représentant aussi bien la continuité de l’Etat corse, que le périmètre restreint du domaine religieux ;

– « U Babbu di a Patria » se revendiquait de ce royaume virtuel, mais exerçait le pouvoir temporel, au travers d’institutions laïques et représentait la Nation.

Ce modèle d’une république laïque n’excluant pas le religieux, peut être la pierre à l’édifice que la Corse pourrait apporter dans le cadre d’une réponse aux velléités salafistes et islamistes

– 2°) Acter le principe qu’il n’y a qu’une seule communauté de droit  : le Peuple corse

Dans le même esprit, nous ne pouvons concevoir que le discours communautariste fasse le lit, en Corse comme ailleurs, de l’entrisme social islamiste ; il n’y a en Corse qu’une seule communauté de droit, le Peuple Corse.

Sur la base de ce principe fondamental, les membres de la population musulmane seront bien évidemment encouragées, voire aidées à se départir de l’emprise islamiste, mais également seront admises à rejoindre le combat du Peuple corse pour la liberté et l’émancipation, et ce dans le cadre d’une laïcité apaisée, d’une laïcité tranquille.

– 3°) Nous adresser à la population musulmane afin de l’associer à la conclusion d’un « Pacte social et politique », ainsi qu’aux « Etats Généraux de la Corse » :

C’est dans le cadre de ce double objectif (combat contre l’islamisme et pour l’émancipation du Peuple corse que les nationalistes, en général, et le « Pouvoir nationaliste », en particulier, se doivent d’initier la concrétisation d’un « Pacte social et politique » afin que les populations de religion musulmane soient associées au grand combat émancipateur du Peuple corse pour son autodétermination.

Cela passe par l’intégration et l’acceptation, par les musulmans de Corse, de notre vision spécifique de la laïcité, par le rejet catégorique des références islamistes et par la non adhésion aux codes islamistes (signes et tenues vestimentaires ostentatoires, pratiques religieuses rigoristes, non respect de la notion d’égalité hommes/femmes, etc).

Ce « Pacte Social et Politique » pourrait s’insérer dans le processus de règlement global du « Conflit Corse » qui pourrait lui-même s’engager concrètement au travers d’« Etats Généraux de la Corse ».

Ceux-ci pourraient notamment accueillir les personnalités civiles et religieuses (dont les musulmans for les islamistes ou apparentés) de Corse afin d’entamer les travaux sur les modalités de règlement du conflit corse

CONCLUSION

Tirons profit du fait qu’en Corse, malgré la crise économique et sociale, nous soyons encore sur une terre dont les enfants ont la capacité de se rencontrer, de se parler, de s’écouter, pour bâtir autre chose que le communautarisme ou l’aseptisation culturelle. Ces choix ont échoué ailleurs et ils échoueront chez nous.

Associons à notre combat toutes celles et ceux qui veulent s’inscrire dans un avenir commun en faisant leur une histoire millénaire et les valeurs universelles que nous a léguées en héritage « U Gran’Pasquale ».

Tony Fieschi

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