SYNTHÈSE DE LA RÉUNION PUBLIQUE DU JEUDI 20 OCTOBRE 2016, AJACCIO

14725493_1707272939593379_3116651688389965604_n

Thème de la conférence : «Peuple corse historique et/ou communauté de destin»

Lieu : 21 Rue Paul Colonna d’Istria, Ancien Mini-Racing face au collège des Padules, Ajaccio

 

  • Coordinateur de la thématique : P Poggioli
  • Secrétaire de séance : JL Rossi
  • Assistance : 48 personnes
  • Début de la réunion : 19h05
  • Fin de la présentation du thème : 19h20
  • Début des échanges avec la salle : 19h20
  • Fin des échanges avec la salle : 21h10

Déroulement de la réunion

  1. Introduction : JL Rossi
  2. Présentation : J Taddei
  3. Parole à la salle :
    1. Explication du principe du bâton de parole : R Taddei
    2. Chairman : P Poggioli

Échanges

Remarques :

  • Une synthèse est un moyen de retranscrire les idées maitresses développées lors des échanges par les différents intervenants. Elle permet d’avoir une vue d’ensemble de la réunion publique et ne prétend pas rapporter mot à mot ce qui a été dit.
  • Les noms reportés sont ceux donnés par les différents intervenants lorsque ces derniers ont bien voulu indiquer leur identité. Toutes ces interventions seront indiquées comme étant attribuées à l’intervenant Y.

P Poggioli : introduction aux échanges

  • Maintenant que quelques éléments ont été fournis par J Taddei sur le sujet (cf. contributions sur le blog), il est temps que vous puissiez vous exprimer en respectant notre mode de prise de parole rappelé par R Taddei.
  • Pour permettre de structurer un peu les échanges nous proposons de scinder ces échanges en trois parties :
  • Pourquoi, dans les années 80, y a-t-il eu ce besoin de définir le Peuple corse ?
  • Pourquoi après avoir adopté ces concepts sur la communauté de destin, (FLNC et Assemblée de Corse) des gens se posent des questions sur leur pertinence de nos jours ?
  • Redéfinition ou maintien des notions de peuple corse historique et/ou ou communauté de destin.

Première partie : Pourquoi, dans les années 80, y-a-t-il eu ce besoin de définir le Peuple corse ?

P Medurio

  • Au plan international la définition d’un peuple est établie.
  • Ici, le problème qui se pose est de savoir qui doit se déterminer pour définir son destin sur cette Terre.
  • Un peuple est bien entendu évolutif, il n’est pas figé.
  • Il y a deux positions extrêmes :
    • Celle qui considère une Corse historique (droit du sang) qui n’existe pas.
    • Celle qui considère que tous ceux qui s’installent en Corse, le deviennent et qui n’est pas acceptable.
  • D’où, la nécessité de se tourner vers des définitions utilisées au niveau international.
  • Récemment il a été également dit par des politiques continentaux, qu’être français signifiait adhérer à un système social. Cette vision n’est pas non plus pertinente.

P Poggioli

  • La question peut-être reformulée ainsi : qu’est-ce qu’un peuple ?

JD Rossi

  • L’origine de cette définition repose sur une revendication politique.
  • À l’époque, les nationalistes ont ressenti le besoin de définir ce peuple puisqu’ils prônaient son émancipation.
  • Seuls les nationalistes ont eu cette préoccupation. Les autres le niaient. Par exemple, les communistes parlaient de « Peuple de Corse ». Terminologie éminemment différente !
  • L’adhésion à la notion de peuple corse était liée à l’adhésion à la lutte d’émancipation.
  • Plutôt que de parler de peuple historique, il serait préférable de parler de peuple légitime.

T Fieschi

  • La communauté de destin est liée à la tentative de définition du peuple corse.
  • La lutte d’émancipation du peuple corse s’est inspirée des luttes d’émancipations passées à travers le monde et tout particulièrement de celle de la guerre d’Algérie.
  • Étaient corses ceux qui se reconnaissaient dans la lutte d’émancipation.
  • La communauté de destin pour les nationalistes permettait d’intégrer des personnes qui n’étaient pas du peuple corse historique. Ce fut une manière de rejoindre ce combat.

Intervenant Y

  • On ne sait pas définir ce qu’est un corse. C’est une question anthropologique.
  • Dans les années 80, ce fut une obligation car l’objectif était de se détacher de la France.
  • En fait, il y a deux définitions à reprendre :
    • Celle lié à une approche anthropologique.
    • Celle liée à l’intégration à la lutte d’émancipation.

PA Susini

  • Je tiens à compléter les propos de T Fieschi.
  • La nécessité de définir ce qu’était le peuple corse fut aussi liée à un fort sentiment que notre peuple se mourait. Que nous disparissions et que nous étions soumis à une colonisation de peuplement.

Intervenant Y

  • La notion de communauté de destin a vu le jour effectivement dans les années 80.
  • Elle fait suite aux années 60 où la Corse a connu un minimum démographique suivi d’une phase de croissance démographique due essentiellement à des apports extérieurs.
  • Il est donc nécessaire d’envisager cette notion, à cette époque, dans ce contexte avec en plus la fin des luttes liées à la décolonisation comme en Afrique du Nord.
  • Il faut donc réfléchir à cette problématique avec toutes ces données.

Synthèse de la partie 1 par P Poggioli :

  • Dans les années 80, les corses étaient toujours majoritaires et vivaient, pour près de 70 % d’entre eux, en dehors des villes.
  • C’est le développement de la lutte d’émancipation qui a conduit à la définition de la notion de communauté de destin.
  • Cela a permis à une jeunesse ne faisant pas partie du peuple historique de prendre part à ce combat.
  • La classe politique traditionnelle n’était pas d’accord avec ce concept.
  • La communauté de destin est une synthèse.
  • La question qui est maintenant latente est la suivante : « Depuis les années 2000, cette notion n’est-elle pas galvaudée ? »

Seconde partie : Pourquoi après avoir adopté ces concepts sur la communauté de destin, des gens se posent des questions sur sa pertinence de nos jours ?

JD Rossi

  • La notion de peuple légitime semble plus pertinente que celle de peuple historique.
  • En effet, il y a un peuple légitime.
  • Ce peuple légitime est composé d’individus avec des spécificités mais avec un socle commun.
  • Avant, la langue jouait ce rôle.
  • En aucun cas, nous devons accepter que cela puisse être une agglomération de communautés de destins.
  • Si tel était le cas nous perdrions notre identité et nous ne pouvons accepter cela.
  • Il est donc préférable de mettre en avant la notion de peuple corse légitime dynamique et ouvert.
  • C’est une question de survie.
  • Il faut également prendre en compte que notre peuple est devenu urbain.

S Barbolosi

  • Un peuple, c’est l’acceptation de règles.
  • Au-delà du critère historique, celui de l’acceptation des règles culturelles, linguistiques, économiques est primordial.
  • La communauté de destin oui, mais avec notre socle et nos racines.
  • L’hospitalité est une valeur importante pour nous, mais il faut faire attention à ne pas nous dévoyer.

N Laredo

  • Même si je comprends la volonté d’introduire la notion de légitimité, je crois que le concept d’historique est fort.
  • La légitimité peut-être un attribut de ceux qui ne font pas partie du peuple historique.
  • Il a toujours existé des personnes dites « transfrontières » qui à un moment donné veulent poser leurs valises.
  • L’exemple du révolutionnaire Che Guevara en est un. Ce dernier, a lutté aux cotés de peuples qui n’étaient pas le sien.

T Fieschi

  • Notre peuple s’est constitué en se reconnaissant des points communs.
  • La langue fut longtemps un vecteur d’intégration.
  • Même si mon nom Fieschi a des origines génoises, je me reconnais dans Paoli.
  • La communauté de destin doit être liée à l’émancipation de ce pays et à la reconnaissance de cette communauté en tant que peuple.
  • Cette lutte est transversale, elle doit permettre de construire ce pays et doit être impérativement accompagnée d’une phase du règlement du conflit entre la Corse et la France dont nous avons déjà parlé lors de précédentes réunions publiques.

Intervenant Y

  • La notion de communauté de destin a été officiellement actée par l’Assemblée de Corse.
  • Ce qui pose problème, c’est l’absence de solutions techniques et que cette notion soit juste restée un principe.
  • Le statut de résident peut être vu comme un début de solutions techniques.
  • La notion de citoyenneté corse est aussi à envisager.

P Medurio

  • La notion de peuple corse contrarie des intérêts qui veulent mettre en place un certain développement économique sur notre Île.
  • Par exemple, il est certain que le spéculateur du sud de l’Île ne voit pas d’un bon œil les réactions de gens qui contestent ses choix et qui arrivent de toute la Corse.
  • Nous sommes niés sur notre Terre car notre reconnaissance les mettrait face à une résistance groupée.
  • Le Corse est concerné par tout ce qui touche à sa Terre.
  • Un peuple a une histoire, une culture et une Terre.
  • L’enjeu majeur est que nous sommes déracinés sur notre propre Terre.
  • Le peuple corse est délimité.
  • Pour l’intégrer, il faut des procédures : langue, droits…
  • La thèse qui avance que tous ceux qui arrivent sur notre sol deviennent automatiquement corses est inacceptable.

PA Susini

  • La reconnaissance du peuple corse est adossée à un processus d’émancipation pour cette Terre.
  • S’il est vrai que Che Guevara était un révolutionnaire transfrontière, il faut préciser qu’il luttait aux cotés de peuples « bien installés » non pas pour retrouver leurs droits mais pour changer un mode de vie. Sa lutte ne concernait pas le devenir d’un peuple.
  • Si nous partons du constat qu’un peuple est composé d’une partie dite d’origine et l’autre dite d’adoption, alors il est nécessaire qu’il existe un processus d’intégration des personnes d’origine non-corse.
  • L’adoption ne peut se faire de facto.
  • De plus, elle ne peut se réduire qu’à la notion de résidents.
  • La question qui doit-être posée est la suivante : « Est-ce que le peuple corse est en capacité d’intégrer ? ».

Intervenant Y

  • Il faut faire attention aux termes et concepts employés.
  • Beaucoup sont empruntés à la République française.
  • Il serait préférable de reprendre les concepts développés par Paoli plutôt que se calquer sur ceux imposés par notre oppresseur.
  • Il faut également mettre en avant la notion d’un « droit du temps ».

T Fieschi

  • Il faut regarder ce qui s’est passé ailleurs.
  • Par exemple au Québec où les arrivées très massives de néo-arrivants légitimistes ne se reconnaissant pas dans les combats d’émancipation ont pénalisé ces luttes lors des différents scrutins.
  • C’est aussi un danger sur notre Terre, car elle est attrayante, la vie y est plus douce qu’ailleurs !
  • C’est cette raison qui rend obligatoire de lier la communauté de destin au règlement des conflits sinon nous aurons l’opposition de deux types de population : une loyaliste et l’autre émancipatrice.

JD Rossi

  • L’utilisation de la notion de communauté ne pose pas de problème politique.
  • L’utilisation de la notion d’un seul peuple légitime à avoir des droits sur cette Terre est éminemment politique !

N Laredo

  • Il est exact que le Che a eu des actions révolutionnaires dans des sociétés sans problèmes démographiques.
  • Une de nos faiblesses réside dans notre faiblesse au niveau de la démographie.
  • Ne peut-on pas envisager d’amplifier notre présence démographique en acceptant des critères positifs d’intégration ?
  • Avec même un processus prévoyant des aménagements pour ceux qui ne correspondent pas à ces critères afin qu’ils puissent y correspondre, s’ils le désirent, plus tard.

Synthèse de la partie 2 par P Poggioli :

  • Ce qui ressort des différentes interventions, c’est que la notion de peuple est liée à un combat d’émancipation et de reconquête de droits.
  • La notion de communauté de destin n’a pas posé de problèmes jusqu’à peu de temps.
  • Aujourd’hui, avec la mondialisation, la colonie de peuplement, la perte de la langue, cette notion est remise en question par certains.
  • Le peuple corse se sent en danger.
  • Le danger de l’existence de plusieurs communautés sur cette Terre devient une éventualité à prendre en compte.
  • Après avoir entendu les différents intervenants, il reste à voir si cette notion de communauté de destin doit-être remise en question ou approfondie ? Si elle doit-être construite sur le socle d’un peuple corse historique ou légitime.

Troisième partie : Redéfinition ou maintien de la notion de peuple corse ou communauté de destin

Intervenant Y

  • Après les années 60, la Corse a subi un apport constant de population venue de l’extérieur.
  • C’est effectivement le mouvement national qui a porté la notion de communauté de destin.
  • De nos jours, le concept de communauté de destin est submergé car les corses se sentent en minorité sur leur Terre.
  • Même si nous vivons en ville, le Corse se sent issu de la ruralité.
  • La mondialisation impose des habitudes de consommation, une culture anglo-saxonne qui pose un problème culturel.
  • La communauté de destin est un concept dépassé.

P Medurio

  • La question à se poser est la suivante : « Qu’allons-nous faire sur cette Terre ? ».
  • Si cette Terre était déshéritée, il n’y aurait pas tous ces problèmes.
  • Malte a su imposer des critères d’installation sur sa Terre. C’est donc possible !
  • Pour l’instant, nous n’avons pas les moyens de mettre en place des solutions techniques.
  • Il va bien falloir définir qui va avoir le droit de se déterminer lorsque nous aurons à nous prononcer sur l’avenir de ce pays.
  • Le danger est la juxtaposition des communautés.

S Barbolosi

  • Les arrivants doivent respecter les lois.
  • Le problème posé au niveau mondial est celui de la laïcité et de la religion.

P Poggioli

  • Jusqu’aux années 80, les corses sont majoritaires et intègrent les nouveaux arrivants.
  • L’affaiblissement du mouvement national dans les années 90 et une démographie en hausse due à des apports extérieurs fragilisent le concept de communauté de destin avancé à la fin des années 80 par le mouvement national.
  • Ce concept n’est viable que si la communauté corse est dynamique et capable de proposer des moyens d’intégration.
  • Depuis les années 2000, la population « indigène » chute et même si on pense avoir le pouvoir, nous sommes en danger si rien ne change.
  • Le réel pouvoir serait celui de pouvoir promulguer des lois.
  • Localement et malgré des positionnements individuels souvent de circonstance, la gauche et la droite ne se préoccupent pas de cette problématique.
  • Ce thème appartient au mouvement national.
  • Si nous avons la prétention de gouverner un jour ce pays, il va bien falloir se pencher plus sérieusement sur ce concept.
  • Il faut avoir l’honnêteté de dire qu’il y a un débat au niveau du mouvement national : celui des gens issus du Maghreb.
  • Le problème surgit car ils sont issus d’une religion en phase ascendante.

T Fieschi

  • Il faut appréhender une partie plus polémique et très sensible.
  • Un rapport américain préconisait deux méthodes pour résoudre le problème corse : (1) Donner une autonomie à la Corse ou (2) Mettre en place une politique de colonie de peuplement.
  • Les nationalistes ont été les premiers à évoquer cette politique de peuplement en Corse.
  • C’est une réalité voulue.
  • Comme il le fait en nouvelle Calédonie, l’État joue la montre pour que le vote légaliste l’emporte.
  • Il est nécessaire de remettre en évidence cet objectif de Paris.
  • Est-ce que demain la Corse aura un avenir assuré vers l’émancipation ?
  • Qui est Corse ? : celui qui intègre le combat de la reconquête de nos droits.

Intervenant Y

  • Les chiffres officiels mettent en avant que la Corse a une démographie exemplaire !
  • Quel développement voulons-nous ? Celui identique à des régions du globe comme les Baléares ? Doit-on suivre les mêmes modèles pour arriver aux mêmes résultats ?
  • Nous avons tendance à dire que tout ce qui est imposé de l’extérieur est une évolution. En réalité, ce sont des changements. Qu’ils soient bons ou mauvais.
  • Il est donc nécessaire de faire attention aux mots utilisés.
  • Il ne faut pas voir tout ce qui est présent ici comme étant arriéré.

N Laredo

  • Il y a eu plusieurs interventions soulignant le fait que « nous n’avons pas beaucoup de choses en mains » et qu’il faut se méfier de l’apport de population.
  • Si nous attendons que l’État nous donne la possibilité de nous administrer, nous risquons d’attendre longtemps.
  • Il faut donc choisir les critères qui peuvent définir notre communauté de destin.
  • Il faut se servir de la victoire de décembre 2015 afin que nos représentants s’y attèlent.
  • Il faut s’attaquer à la symbolique.

Intervenant Y

  • Ce débat est bien sympathique, il y a beaucoup d’universitaires, mais le ressenti des Corses est que nous avons maintenant les même problèmes qu’ailleurs alors que nous étions protégés.
  • C’est la raison de l’arrivée du populisme avec l’affirmation que le danger c’est l’autre.
  • Les gens ont peur et on agite le drapeau de l’extrême droite.
  • Personne n’assume les voter, mais ils font des scores élevés.
  • Que faisons-nous du communautarisme ?
  • Il faut trouver les moyens de s’émanciper des français.
  • Nous avons la possibilité d’en trouver les moyens.

P Poggioli

  • Attention à l’intoxication des médias.
  • Le vote FN doit être analysé en détail.
  • Il y a bien entendu des corses qui votent FN mais si nous regardons plus finement où sont les scores élevés, il y a une forte corrélation entre ce vote FN et les bassins de population avec des taux de nouveaux arrivants élevés (Base Solenzara, côte des nacres, plaine Bastelicaccia, Cuttoli, Sarrula, Afa, Porti-ecchju, Bunifaziu, prupià….)

JP De Marco

  • Le Che se battait contre la majorité politique qui était la majorité bourgeoise.
  • La notion de communauté de destin et les peurs qu’elle engendre sont à corréler au fait que nous sommes moins nombreux.
  • Néanmoins, le peuple corse a d’énormes atouts.
  • Il faut croire en soi !
  • L’Assemblée de Corse est nationaliste, c’est la preuve que l’idée de peuple Corse qui était ultra-minoritaire dans les années 70 se diffuse dans la société.
  • Cette majorité n’a pas été élue qu’avec des votes nationalistes.
  • C’est cette conscience politique qui a fait que cette assemblée est nationaliste aujourd’hui.
  • Nous ne sommes pas comme Malte, mais nous avons une situation géographique privilégiée dont nous devons tirer profit.
  • Nous nous nourrissons depuis nos origines des brassages de populations.
  • Même en minorité nous pouvons ne pas être dilués.
  • Nous pourrions dire que peu importe la quantité, c’est la qualité qui compte.

Intervenant Y

  • Pourquoi parlons-nous de la communauté de destin aujourd’hui ?
  • Juste un an après les incidents de l’Empereur et les récents troubles de Siscu.
  • Il y a le sentiment que le danger provient du fait que nous ne disposons pas d’outils.
  • Il est impératif de se recentrer sur ce qu’est un Corse au quotidien.
  • Il faut agir politiquement.

PA Susini

  • Aujourd’hui, un point de bascule a été franchi.
  • Les Corses doivent réaffirmer leurs valeurs.
  • Ils doivent prendre en compte les évolutions.
  • Un exemple de cette évolution est que ce soir les échanges se font en langue française alors qu’il y a 40 ans nous aurions discuté en langue corse.
  • Le seul rempart à toutes les dérives est que le mouvement national prenne ce débat à bras le corps.
  • La notion de communauté de destin n’est rien d’autre qu’un cheval de Troie.
  • Cette notion peut remettre en cause la lutte nationale toute entière.
  • C’est difficile d’appréhender ce sujet, car il y a beaucoup de tabous et il est courant de se retrouver affublé de qualificatifs très désagréables lorsque l’on essaye de traiter ce thème.
  • Si ce débat-là n’est pas soulevé, ceux qui se servent de ça pour continuer la colonisation de peuplement auront la partie belle.

A Ragas

  • Le mouvement national ne délaisse pas ce thème.
  • Pendant la campagne de 2015, Corsica Libera et le Rinnovu en ont parlé.
  • Les déclarations faites par l’Assemblée de Corse en 89 n’ont pas été approfondies.
  • On cible souvent la communauté maghrébine, mais il faut aussi dire que cette communauté réside dans les quartiers populaires que le mouvement national a déserté.
  • Il faut effectivement aborder le problème du choix de société.
  • Voulons-nous une Corse calquée sur le modèle des Baléares ou de la Côte d’Azur ?
  • Quand nous voyons l’exemple de la commune de Sarrola, il est temps de réagir.
  • La communauté de destin doit être accompagnée de choix sociétaux.

MA Leandri

  • Nous sommes le fruit d’intrusions passées.
  • La notion de communauté de destin ne peut se voir que dans sa dimension politique et n’est qu’une étape vers la reconnaissance du peuple corse.
  • Celui qui s’y intégrera, même maghrébin, en fera partie.
  • Cette notion se doit d’être dynamique.
  • Qui a réellement le choix du développement à l’heure actuelle ?
  • Il est certain que l’idée se diffuse dans la société et est de moins en moins contestée.
  • Le mouvement national porte cet espoir.
  • Il faudra bien arriver à obtenir la maîtrise des règles et des lois.

N Laredo

  • Je formule une proposition : il y a apparemment notre réflexion d’ensemble qui est troublée par la problématique de la prise en compte de la communauté maghrébine, je suggère donc de prévoir une réunion en élargissant le débat à des membres de cette communauté.
  • Il faut arriver à échanger calmement et à mettre tout sur la table.
  • Nous pourrions nous aussi nous poser la question de savoir s’il existe des personnes pouvant gérer la communauté de destin ?

JL Arrègle

  • Je ne suis pas Corse.
  • Je suis en phase d’apprentissage de la langue.
  • Je m’intéresse à l’histoire de ce territoire et à sa culture.
  • Je vous suis avec intérêt.
  • Lors de mon arrivée, mon vote a été identique à celui que je faisais sur le continent depuis, il a changé car je me suis aperçu qu’il ne correspondait pas à ce que je voulais pour l’avenir de cette Île.
  • Depuis le début de ces échanges, j’entends parler de colonie de peuplement. Je ne me considère pas comme un colon.
  • Sans vouloir mettre en accusation l’ensemble des Corses, il me semble que si des gens venus de l’extérieur arrivent à s’installer ici et à devenir propriétaires, c’est bien que des personnes se séparent de leurs biens.

P Poggioli

  • L’exemple qui vient d’être donné est l’illustration d’un processus d’intégration réussi.
  • Ce n’est malheureusement pas encore la norme.

PA Susini

  • Sur cette Terre, il ne peut pas y avoir des communautés.
  • Les communautés me posent un problème car si elles existent, cela veut dire qu’elles n’adhèrent pas à la nôtre.
  • Il faudra envisager un processus de cooptation pour aller vers une seule communauté.
  • Si nous envisageons le problème posé en considérant plusieurs communautés, alors il est voué à l’échec.

T Fieschi

  • La communauté de destin ne peut-être une communauté des destin(s) au pluriel qui correspondrait à un destin « entre soi ».
  • Encore une fois, la solution pour éviter ce piège est d’intégrer les concepts de communauté de destin et de peuple corse à la lutte d’émancipation. Le lier à la volonté d’y arriver.
  • Il va donc être impératif de diffuser cette notion au sein de la société corse dans les mois à venir.
  • Par exemple, en initiant des Etats généraux.
  • Le danger réside dans l’utilisation des mots du dominant : il n’y a pas des communautés. Il y a une seule communauté et des individualités.
  • Il faut que la société corse s’en empare, pas uniquement les représentants élus !
  • Il faut aussi rectifier une idée qui se répand : nous ne sommes pas au pouvoir, nous sommes aux affaires et la différence est notable.

JD Rossi

  • Effectivement, l’utilisation du terme communauté au pluriel pose un problème majeur.
  • Il faut mettre en avant le principe de laïcité.
  • Il y a un peuple corse issu de toutes origines pas des communautés.
  • Le problème n’est pas d’être arabe (au plan individuel), le problème c’est de s’agglomérer en communauté pour ensuite peser sur la nôtre.

A Ragas

  • L’Assemblée de Corse s’est positionnée dans ce sens.
  • Il faut demander à l’État de prendre en compte ces votes.

Intervenant Y

  • La laïcité est un concept français.
  • Il n’y a pas de mot en langue corse pour le définir.
  • Il est préférable de se rapporter aux idées paolistes.
  • On utilise les mots de l’occupant.

N Laredo

  • Il serait certainement nécessaire de revisiter le message de Paoli.
  • La laïcité n’est pas un concept uniquement français.
  • Il y a aussi la notion de citoyenneté à mettre en avant et qui peut être utile.
  • Il faut aussi relativiser les origines chrétiennes.
  • Il ne faut pas nier qu’aujourd’hui, il y a des communautés : arabes, portugais, continentaux…
  • Qu’est-ce qui peut être gênant à les prendre en compte ?

JL Rossi

  • Ce qui pose problème en France et aussi dans le monde occidental, ce n’est pas la laïcité mais l’interprétation que nos dirigeants en font.
  • La laïcité de la fin du XIXème et du début du XXème prévoit une séparation du pouvoir de l’Église et de l’État dans une société de mœurs chrétiennes.
  • La laïcité interprétée par nos dirigeants actuels est toute autre.
  • En fait c’est une posture pour nier un problème et ne pas le nommer : ils nient nos mœurs chrétiennes pour ne pas dire qu’ils ont un problème avec une frange de l’islam qui est agressive et en phase de conquête.
  • En réalité, en niant cela ils renforcent cette frange agressive et amplifient le problème.
  • Sur cette Terre, il n’y a qu’une communauté légitime : le peuple corse.
  • Ce peuple peut accueillir des individus, mais pas d’autres communautés sous peine de disparaître.

PA Susini

  • Ses différentes communautés s’affirment : maghrébine, portugaise…
  • Les corses d’origine se doivent de refuser cela.
  • Le mouvement national doit obtenir des pouvoirs normatifs pour la Corse.

Synthèse de la partie 3 par P Poggioli :

  • La notion de communauté de destin ne posait pas de problèmes dans les années 80.
  • Aujourd’hui, cela a changé.
  • Il est impératif de la relier à un message politique.
  • Le danger d’une approche multi-culturaliste nous guette.
  • Lors de ces échanges, nous n’avons pas réellement traité le problème de la laïcité.
  • Nous faisons comme si la religion ne jouait aucun rôle.
  • Il est clair que nous tournons autour du problème et que nous hésitons à l’aborder.
  • Il va bien falloir porter sur la place publique ces questionnements et obliger les différentes parties à se positionner. A commencer par nos élus et les mouvements politiques qui les ont fait élire et les soutiennent aujourd’hui. Ils doivent réfléchir et apporter des réponses claires par rapport à ces questionnements des Corses aujourd’hui et de ces problématiques abordées ce soir.
  • À l’évidence, les réponses apportées ce soir ne sont pas reçues à l’unanimité par l’assemblée ici présente.
  • Il sera nécessaire de poser ce concept de communauté de destin et/ou peuple corse historique comme un acte fondateur des discussions futures entre l’État français et la Corse.

Remarque : lors de l’annonce de cette réunion et de la publication du thème et des questions qui pourraient être abordées, M. Ghjiseppu Maestracci et M. Olivier Jehasse, ne pouvant être présents à cette réunion, nous ont fait parvenir des mails. Le contenu de ces mails figure ci-dessous.

Texte de M. Olivier Jehasse

« COMMUNAUTE DE DESTIN ?

Le concept proposé par le FLNC en 1988 est un concept lié à la situation de la revendication corse des années 80. Alors que les campagnes IFF avaient profondément marqué la société corse et servi par l’ampleur du débat le développement du réveil national, la contre-attaque des colons avait été de nous taxer (déjà…) de racistes et de fascistes réactionnaires. La communauté de destin fut la réponse stratégique du Front et son impact fut très positif et la base de recrutement des forces nationales s’en était trouvée élargie très positivement.

Mais aujourd’hui et les constats présentés par les 2 contributions de P. Poggioli et T. Fieschi mettent bien le doigt sur le fait que la situation a considérablement évolué, tant dans la société, qu’au niveau international.
Je voudrais simplement exposer quelques réflexions nées de la lecture de ces deux documents et du compte-rendu dans la presse de ce matin.

Une phrase m’a interpellé : l’opposition entre communauté de destin et statut de résident, les jugeant incompatibles. Je n’en suis pas sûr, car il s’agit de deux niveaux d’analyse de la réalité différentes.

Et surtout je crois que le mot qu’il faudrait abandonner c’est justement le mot communauté, car aujourd’hui le communautarisme est une des armes nouvelles pour continuer à détruire le peuple corse, et est un facteur déstabilisateur non seulement de la Corse, mais aussi de la France, et enfin de l’Europe où nous sommes toujours enfermés.

Je crois que remplacer le mot communauté directement par celui de peuple et donc populariser la notion reconstruite de Peuple de Destin serait une éventualité positive de recadrer le débat et faire avancer la réflexion. Car il n’y a pas de nation sans un peuple, ce n’est pas la nation qui fabrique le peuple, c’est le peuple qui fabrique sa nation.

Et dans cette orientation, le statut de résident n’apparaît alors que ce qu’il est : un outil transitoire de mise en ordre de la colonisation de peuplement qui conduit progressivement au remplacement des Corses par des populations d’origine, et surtout de fonctionnements culturels différents, ce que nous vivons tous les jours. Nous en avons besoin vite pour bloquer des évolutions sur lesquelles nous n’avons que peu de prise à l’échelle française, mais ce n’est qu’un cadre provisoire qui nous laisserait le temps de bien réfléchir et surtout construire les éléments constitutifs du peuple de destin, et surtout les éléments nous en avons besoin vite pour bloquer des évolutions sur lesquelles nous n’avons que peu de prise à l’échelle française, mais ce n’est qu’un cadre provisoire qui nous laisserait le temps de bien réfléchir et surtout construire les éléments constitutifs du peuple de destin, et surtout les éléments d’appartenance à la Nation corse contemporaine. »

Texte de M. Ghjiseppu Maestracci

« Communauté de destin A Sossula

Recette

De la Communauté de Destin.

.
Il faut…une  Marria antica…bien campée sur ses pieds.
La Marria est importante…
Elle n’a pas de racines mais elle garde mémoire. La trace et l’odeur et le goût du passé sont incrustés en son sein.
Il faut …des ingrédients :
.
 — U levitu… (du levain).
Non!…u R’nnuvime..(rinnuvime). *
Le renouveau. (Plaît-il.).

En attente dans cette Marria antica
Il se souvient d’hier et appâte demain..
— De La farine…
Elle est venue. Elle est  là… mais,  connut des épreuves :

la faux…u tribbiu…la meule.. le tamis et.. la route fut longue.
— Du sel …
Lui, vient des tempêtes et de gouffres profonds..
— De l’eau…
Venue de la gargouille fraîche après un long voyage par les airs et les terres et surtout souterrain.

Un cycle fait d’épreuves où même l’éclair tonnait.et le vent veillait à repousser

Tout.

Tout ce qui venait d’ailleurs..

.

Indispensables ingrédients.
Les voici réunis …

Ils se mettent en chemin pour faire connaissance et se rouler en boule.
Avec énergie, le mélange, prend, se fait .
On le creuse on le presse…Jusqu’à obtenir la texture à souhait…enfin à souhaiter..
Cette pâte affinée, une autre épreuve l’attend..
A conzula !!!
Elle coupe.. elle racle, modèle et strie..
La pâte  en garde trace. Quelques traces de vie.
Puis,  le temps fait son œuvre…
Pianu, pianu,  la pâte froide  lève, leviteghja et prend forme…
Elle tiédit  en levant..
L’  « ensemble  »  se réchauffe.
Puis cette pâte va, s’expose, sous un soleil/fournaise aux senteurs de maquis..
Elle prend corps, se construit.se durcit, mais garde un cœur mie-tendre sous  une croûte rêche et

craquante à souhait.

Carapace goûteuse au cœur bien aéré, tous ses yeux nous regardent.
C’est un nouveau venu…

Il dit s’appeler

Pain…

Il y en a beaucoup, de tous genres et de formes diverses.

Parfois blanc, parfois roux, brun et même noir.

Le jaune lui va bien.
Il court les sacs, les tables et les chantiers et le bout du sillon et même les prisons.

Il est vie.et la vie se poursuit.
Au fond d’elle…a Marria veille et garde trace.*
A Marria garde lien pour… renouveler l’œuvre …pour faire lever demain.
Demain…
La pâte du renouveau qui laissera sa trace son goût et son odeur pour aller à un autre demain..
Les pains viennent,  évoluent …et, peuvent aussi vieillir …

Ils lèvent, murissent et vont.

Ils suivent le chemin, bâtisseurs d’avenir, de partage et d’amour, en vrai chasseurs de faim.

Éphémères assidus, …Ils passent.

.
Réceptacle de vie…a Marria est éternelle »

 

 

Publicité