La fraude fiscale, un sport de classe. En septembre 2013, la demande de la nationalité belge par Bernard Arnault, première fortune professionnelle de France avec 24,3 milliards d’euros, a été vécue comme une déclaration de guerre par les 9 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
La fraude à la sécurité sociale, c’est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l’esprit de 1945… « C’est la fraude qui ruine les fondements de la république sociale »… Cette belle déclaration fut prononcée par Nicolas Sarkozy à Bordeaux le 15 novembre 2011. Néanmoins, il faut préciser que si les fraudes sociales sont estimées à 20 milliards d’euros, les allocataires fraudeurs en représentent seulement 1 % soit 200 millions ! Il faut préciser également que 80 % de ces fraudes sont liées aux cotisations patronales (16 milliards). En effet, certains employeurs ne les paient pas car ils ont recours au travail dissimulé[1].
La guerre idéologique contre les travailleurs et les personnes les plus démunies ne cesse de les stigmatiser comme des assoiffés d’assistanat. Elle porte ses fruits d’une manière inattendue puisque ce sont, chaque année, près de 4 milliards d’euros dus au titre des prestations qui ne sont pas réclamées par leurs bénéficiaires.
Les causes sont multiples, notamment le manque d’information, la complexité des démarches ou la timidité sociale des ayants droits. Toutes ces raisons sont souvent liées à la pauvreté des intéressés. La citoyenneté de ces exclus est malmenée par ce non-recours aux droits sociaux. Ce constat est aggravé par leur faible participation aux élections. De plus, la combinaison de ces faits conduit à une marginalisation de la vie sociale. L’association du pauvre et du fraudeur est bien présente, y compris dans les milieux populaires, ce qui conduit souvent à des dénonciations…
Le comble de la misère sociale : la délinquance des riches et son lot de fraudes fiscales, ce sentiment d’impunité ! La justice qui ferme les yeux, la criminalisation de la contestation sociale, les poids et les mesures qui diffèrent en fonction de la classe sociale. Quoiqu’ils fassent, quels que soient leurs porte-paroles, les dominés ont tort. Cette guerre psychologique doit se draper de démocratie, derrière laquelle toutes les violences et illégalités avanceront masquées.
Notre démocratie est tenue par une aristocratie de l’argent, par des bourgeois et des nobles réconciliés qui se persuadent mutuellement de leurs immenses qualités humaines, de leurs bonnes éducations.
Le chaos est pour maintenant, l’idée d’un changement fait peur à tort…Il faut faire rendre raison à ce système, ou bien le sens de l’intérêt général laisserait la place à une régression atroce par rapport aux acquis de l’époque des lumières…
Félix Bonardi et Pascal Bruno
[1] Rapport d’information sur la lutte contre la fraude sociale, présenté par Dominique Tian le 29 août 2011.
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