NOTE SUR LA REDUCTION DE LA DETTE PUBLIQUE : QUATRIEME ET CINQUIEME PARTIES

QUATRIÈME PARTIE : LA RÉDUCTION DE LA DETTE PUBLIQUE

 La soutenabilité (c’est-à-dire, la capacité à faire baisser le montant à rembourser) de la dette dépend :  

de l’écart entre le taux de croissance de l’économie et le taux d’intérêt payé sur la dette et du solde primaire du budget. Le solde primaire du budget est égal au solde recettes – dépenses, hors dépenses d’intérêt. Il s’établit comme suit sur 30 ans (de 1980 à 2009) :

TableauP41 Sur ces 30 exercices il a été positif par 8 fois. Il a été négatif par 22 fois. Pour les exercices récents le solde primaire s’est amélioré mais en resté négatif :

TableauP42

C’est-à-dire qu’à delà du remboursement des intérêts payés durant l’exercice écoulé, il a fallu emprunter 22 fois (de 1980 à 2009) et 4 fois encore à compter de 2010 pour avoir les recettes nécessaires afin de payer les dépenses. C’est ce qui provoque l’accroissement de la dette (effet boule de neige) :

TableauP43

En pratique si le solde primaire du budget (celui qui exclut les charges d’intérêt) est égal à zéro, le taux d’endettement baisse dès lors que le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) est supérieur au taux d’intérêt moyen versé sur la dette publique. Cela signifie que le taux d’augmentation de la richesse produite est supérieur à taux d’intérêt de la dette. L’augmentation de la richesse produite est alors supérieure à la somme due pour rembourser les intérêts de la dette. En conséquence la dette diminue.

Mais le solde primaire n’a été positif que 8 années sur 34 exercices depuis 1980, avec un écart considérable par rapport au solde négatif. La conséquence en a été un besoin permanent de financement, donc l’obligation d’emprunter sur les marchés. Donc inutile d’insister sur la voie de la comparaison entre taux d’endettement et taux de croissance du PIB, puisque la France a un solde primaire qui est structurellement déficitaire.

Toujours en pratique si le solde primaire est négatif, comme cela a été le cas 26 fois sur 34 exercices depuis 1980, il faut comparer le pourcentage du solde primaire par rapport au PIB à celui de la croissance en valeur du PIB. Si le pourcentage du solde primaire /PIB est supérieur à celui des taux d’intérêt la dette baisse, sinon elle augmente.

Et c’est ce qui est tendanciellement arrivé depuis 1980 :

TableauP44

CINQUIÈME PARTIE : SACRÉ SOLDE PRIMAIRE !

Le paragraphe précédent a démontré que le problème de la France vient du solde primaire du budget et le graphique suivant l’illustre plus encore :

TableauP51

Il convient donc de rappeler les principaux éléments qui ont influé sur ce solde primaire depuis 1980 à aujourd’hui.

De 1981 à 1986, les déficits budgétaires augmentent en raison des politiques sociales sous la Présidence de François Mitterrand.

De 1986 à 1991, sous la cohabitation avec Jacques Chirac puis avec la nouvelle victoire de Mitterrand en 1988, les soldes primaires successifs s’équilibrent, car la croissance (2,5 % en 1987, 4,6 % en 1988, 4,2 % en 1989, 2,6 % en 1990) permet d’avoir des recettes à peu près équivalentes aux recettes de l’Etat, hors intérêts de la dette

 Les années 1991 à 1995, sont marquées par une gestion socialiste (Cresson et Bérégovoy) puis par une nouvelle cohabitation (Balladur). Cette fois la croissance est en berne : 1,2 % en moyenne annuelle. Pour relancer l’activité économique et donc la croissance, les gouvernements mènent des politiques de soutien en augmentant la dépenses publiques (politiques contra-cycliques) qui provoquent une augmentation du déficit et du solde primaire.

Après la dissolution de 1996, le gouvernement Jospin bénéficie entre 1997 et 2001, de facteurs favorables : la croissance moyenne est de 3 %. Cette croissance permet de dégager des recettes fiscales supplémentaires (la fameuse « cagnotte budgétaire ») et de dégager un solde primaire positif.

De 2002 à 2007, gouvernements Raffarin et De Villepin), la croissance moyenne annuelle de 1,8% est insuffisante pour maintenir l’activité économique à un niveau provoquant suffisamment de recettes fiscales et le déficit ainsi que le solde primaire se dégradent car à nouveau des politiques de soutien par l’augmentation de la dépense publique sont mises en œuvre (politiques contra-cycliques).

A compter de 2008 intervient la crise financière qui provoque une récession économique et aboutit à un nouveau plan de relance qui augmente à nouveau les déficits et les soldes primaires. Mais aucune action n’a été menée (faiblesse politique ?) pour agir sur l’augmentation des dépenses de l’Etat :

TableauP52

C’est-à-dire que le pays n’arrive pas à se réformer, dans le but d’adapter ses dépenses qui augmentent en moyenne annuelle de 10,4 Mds d’€ à ses recettes qui elles, n’augmentent, toujours en moyenne annuelle que de 8,4 Mds :

TableauP53

Certes le déficit public est nécessaire pour financer les investissements, sous réserve que cumulé, c’est-à-dire transformé en dette par accumulation successive annuelles, il ne fasse pas dépasser 60 % du PIB du pays (Traité de Maastricht). Mais il l’a été allègrement après les années 2000 en France (voir quatrième partie). Cette date coïncide avec l’adoption du quinquennat par référendum le 24 septembre 200 et son application lors de la présidentielle de 2002 remportée par Jacques Chirac, alors opposé au front national lors du second tour de l’élection.

« A’ forza di caccia è d’ùn mette, a botte canta »

La suite dans un prochain article…

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