TRIBUNE LIBRE : TRANSPORTS MARITIMES. LA SITUATION AUJOURD’HUI.

Bateau_PP

L’expectative

Il y a désormais trois compagnies privées dans les transports maritimes corses. L’ex-SNCM désormais propriété des lobbies privés corses (Rocca, Padrona, Trojani, Anchetti et consorts) qui si elle espère arracher la Délégation de Service Public pour l‘île, surtout la subvention en découlant, n’est plus désormais une compagnie publique comme l’était la SNCM du fait d’une participation publique financière étatique qui au fil des temps s’était amenuisée comme peau de chagrin, l’État se désengageant, jusqu’à sa vente au fond d’investissement Butler, avec la complicité de l’État et la neutralité bienveillante des syndicats et lobbies marseillais pour des sommes dérisoires au vu du patrimoine de cette compagnie (navires, siège…et autres). Puis au fil des évènements, cette compagnie mise en liquidation est devenue propriété des lobbies privés corses, lesquels dernièrement, après une concurrence épique, ont trouvé semble-t-il un terrain d’entente pour la gérer ensemble (1)… Reste bien sûr à savoir si elle obtiendra la manne de la Délégation de Service public découlant de la fameuse Dotation de Continuité territoriale destinée à compenser « le handicap de l’insularité » de la Corse en matière de transports (en rapport avec le prix de revient du Km en train dans l’Hexagone).

À noter cependant que ce qui intéresse ces investisseurs privés, c’est surtout aussi le contrôle du transport du fret, (leurs activités se situant pour la plupart dans le BTP, la grande distribution ou les transports terrestres), car ils sont rivés selon leurs intérêts à certaines plateformes de distribution de produits (dans le BTP et les circuits de l’alimentation surtout) du Sud-Est de la France, d’où priorité toujours à la destination de Marseille, voire Toulon au pire pour ce contrôle.
À côté existe une autre compagnie : La CMN, qui n’a guère défrayé la chronique ces dernières années, contrairement à l’ex-SNCM (grèves, gabegie et scandales de tous ordres). Elle a réussi souvent à s’entendre avec la SNCM pour l’attribution de la DSP, prenant toute sa place dans la continuité territoriale pour l’île en matière de transports maritimes. Cette entente continuera-t-elle désormais après la dernière redistribution des cartes, seul l’avenir le dira.
Puis peu à peu une troisième compagnie, Corsica Ferries, aimant à se dire corse mais qui en fait est « italienne »[1]. Elle s’est imposée sur le trafic passagers à partir de Toulon, voire de Nice, Marseille étant chasse gardée de l’ex SNCM et de la CMN. Grâce à son « implantation internationale » que certains disent plutôt opaque, devenant quasiment leader en matière de transports de passagers sur l‘île.. Elle aussi espère, s’appuyant sur des législations européennes dont elle semble se délecter, arracher cette DSP ou tout au moins une partie importante de celle-ci…
Notons que lorsque les Nationalistes proposaient dès 1985 (première motion déposée en ce sens par moi-même à l’Office des transports en 1985, obtenant ma seule voix alors) la création d’une Compagnie publique maritime corse, le raisonnement était simple. La SNCM étant une compagnie publique à capitaux majoritaires étatiques, il nous semblait facile de demander un retrait de l’État et son remplacement par des capitaux territoriaux corses publics, d’autant que nous disions alors que les navires ayant été payés grâce à l’argent « octroyé » à la Corse par le biais de la Dotation de la continuité territoriale, ceux-ci étaient de facto propriété de la Corse et non de la SNCM. Aujourd’hui, le schéma a changé, ce qui rend la situation, et la création de cette compagnie publique corse, plus compliquées surtout avec les directives-oukases de l’Union européenne en matière de concurrence et de dotations financières de Service public. D’où les propositions de certains préférant une minorité de blocage, plutôt qu’une majorité des actions au profit de la Collectivité Territoriale dans le cadre d’un partenariat, autour d’un cahier des charges très précis et contraignant, avec des privés qui se verraient attribuer des délégations ponctuelles de Service public des transports de fret ou de passagers en fonction des besoins définis par les élus territoriaux (importance de la question du Siège social, des embauches et des destinations entre-autres).. Nous verrons donc pour la suite comment la situation évoluera.
Baccala pà a Corsica !

https://ichjassidiucumunu.com/…/contribution-transports-ma…/

(1) La compagnie maritime Corsica Linea, qui doit succéder à l’historique compagnie SNCM après de multiples péripéties économiques et judiciaires, a été lancée officiellement mardi 3 mai, par ses dirigeants à Marseille.

                                                                                                          Pierre Poggioli 

 

[1] Vous constatez qu’il n’y a jamais de départ de Corse, mais que l’île est toujours comprise dans un circuit dont l’origine est toujours en Italie. Sur Internet, vous devez de facto donc d’abord chercher un retour sur la Corse pour pouvoir ensuite trouver un aller. Ceux qui revendiquent un Siège social dans l’île pour les compagnies maritimes corses doivent déchanter pour la Corsica Ferries. Les passagers corses sont pour cette compagnie des passagers lambda, donc aucune attention particulière pour eux. Ils sont logés à la même enseigne que tous les autres touristes. Je ne vous parlerais pas de l’ambiance « désordonnée » (faible mot) règnant à Nice ou Toulon avant l’embarquement entre les sorties des véhicules arrivant et ceux entrant pour le nouveau départ immédiat vers la Corse, puis sur le navire où les renseignements sont plutôt compliqués à obtenir. Vous y rencontrez des employés de toutes nationalités, mais majoritairement italiens, qui se complaisent à vous répondre en Français, même si vous leur parlez corse, la langue corse n’étant guère, en aucune façon, employée y compris dans les annonces faites en plusieurs langues…

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