CONTRIBUTION : RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT, UNE CHANCE POUR NOS TERRITOIRES ?

R&D

Nous entendons et lisons beaucoup de théories sur la recherche appliquée et son éventuelle influence sur le développement économique. Miroir aux alouettes pour certains, réelle solution pour d’autres ! Que peut-on vraiment attendre de la fonction recherche et développement (R&D) pour notre île ? Que pensez de tout cela ? Cet article est une fiche de synthèse à des fins de vulgarisation qui tente de donner les bases, à tout un chacun, pour mieux appréhender le sujet.

  • Définition

Les travaux de recherche et développement ont été définis et codifiés par l’OCDE[1]. Ils regroupent les activités :

 (1) recherche fondamentale, (2) recherche appliquée et (3) développement expérimental. Ce sont donc, des processus qui, partant de la recherche fondamentale ou d’une invention, assurent sa faisabilité industrielle.

  • Les enjeux

L’apport de la fonction Recherche & Développement pour un territoire donné peut se quantifier sur plusieurs plans.

Les principaux sont listés ci-dessous :

  1. Sur le plan de la production: La fonction R&D va améliorer l’efficacité de la production lorsqu’il s’agit d’innovation de procédés.
  2. Sur le plan commercial : La R&D va permettre à un secteur de différencier son offre et de créer plus de valeur ajoutée.
  3. Sur le plan financier : La fonction R&D représente tout d’abord un coût ! Il s’agit d’un investissement dont les résultats seront aléatoires. En revanche, si l’innovation est une réussite, les retombées seront plus importantes.
  4. Sur le plan stratégique : La fonction R&D permet à un secteur de développer sa spécificité et de se différencier des concurrents.
  • Les différentes tâches au sein de la fonction Recherche & Développement

La plupart du temps, l’opinion publique réduit la tâche de la fonction R&D à la recherche en laboratoire. Or, cette vision est erronée car les tâches de la R&D sont très transversales. En effet, elles couvrent des champs très variés allant de la recherche d’informations, à la gestion des brevets, en passant effectivement par la recherche en laboratoire.

Les principales tâches sont les suivantes :

  1. La veille technologique : Dans un premier temps, Il s’agit de trouver les sources d’informations pertinentes (revues scientifiques, travaux universitaires, rapports d’activité des industriels, etc.). Ensuite, il faut analyser et synthétiser cette quantité d’informations afin de l’utiliser au mieux. Ainsi, une bonne veille technologique permet à un secteur d’activités de saisir les créneaux porteurs. La veille technologique est peu couteuse mais primordiale !
  2. Développer des technologies spécifiques : Cette étape de l’activité de la fonction de R&D se fait normalement dans un laboratoire de recherche privé ou public. Cependant, une grande partie de l’activité d’innovation doit se faire par des moyens alternatifs. En effet, développer un programme de recherche est excessivement coûteux. De plus, les résultats sont très aléatoires et donc risqués financièrement. Le premier travail des « développeurs » est donc de trouver des modes alternatifs moins couteux et plus « fiables ». Par exemple, le rachat de brevets déjà existants ou la réalisation de contrats de recherche avec d’autres laboratoires plus avancés dans le secteur choisi est une option préférée par les financeurs.
  3. Protéger les innovations à l’aide des brevets : Les brevets assurent un monopole d’exploitation sur l’invention pendant un certain nombre d’années. Seule la structure détenant le brevet pourra tirer profit de cette invention.
  • Perspectives
 pour notre île

Financement des activités de R&D : le difficile chemin de croix

La particularité de la fonction R&D est qu’elle nécessite de mobiliser énormément de capitaux, du temps et également du personnel pour des résultats qui sont aléatoires. La question du financement de ces activités se pose donc de manière récurrente. Cette caractéristique est encore plus problématique pour un tissu économique comme celui de notre territoire qui est composé en majorité de PME ou TPE ne disposant pas des capitaux nécessaires.

L’innovation est un pari trop risqué pour elles ; même si des aides venant de l’État (telles que le crédit d’impôt) existent. En effet, ces aides s’avèrent souvent insuffisantes. Ces structures ont donc l’obligation de trouver des capitaux ailleurs. Certaines banques développent des activités de « capital-risque » en prêtant de l’argent et en conseillant quelques PME très prometteuses. Mais ce phénomène reste encore marginal en France. Il faut donc le développer massivement !

Une nécessité : définir la Stratégie d’Innovation Régionale !

  • Définir une Stratégie d’Innovation Régionale est un impératif si l’on ne veut pas courir le risque d’un éparpillement des efforts et donc d’un échec de cette dernière. L’Assemblée de Corse doit donc organiser la veille scientifique et technique et doit ainsi être en mesure de définir les « besoins » de notre territoire. L’Assemblée de Corse doit encore plus développer des outils pouvant piloter et coordonner les projets R&D en relations étroites avec les différents partenaires impliqués (universitaires, entreprises, laboratoires privés, etc.). Puisque c’est elle qui fixe les objectifs budgétaires et veille à l’adéquation entre les équipes et les moyens (techniques et financiers) nécessaires au déroulement des opérations, c’est à l’Assemblée de Corse de superviser le déroulement des projets de R&D des partenaires sans exception. C’est à elle qu’incombe la tâche de s’assurer de la bonne réalisation des projets et qui juge de l’état d’avancement des travaux. Il n’y a qu’en agissant ainsi que l’Assemblée de Corse peut-être en mesure de mettre en œuvre de façon efficiente une politique d’innovation sur tout notre territoire. L’innovation sur notre territoire doit devenir une priorité de nos politiques.

Un souhait : faire confiance aux chercheurs !

Certaines grandes inventions sont le fruit du hasard. Nous pouvons citer par exemple la découverte de la nature de la Voie lactée par Galilée en 1610 ou la découverte du baryum par la fission d’uranium par Otto Han et Fritz Strassmann en 1939. La liste est longue et balaye des domaines variés allant de la physique à l’archéologie en passant par la géographie. Ces découvertes ne sont pas le fruit de programmes prédéfinis. Ils ne sont pas le fruit de politiques scientifiques mises en place par des décideurs qui imposent leurs visions aux chercheurs sous la seule contrainte du dictat financier. Ces découvertes sont souvent issues d’une idée d’un chercheur, d’une fulgurance, parfois d’une dérive d’une idée première, d’un projet initial avorté. L’enjeu actuel pour notre société est d’aider les personnes susceptibles de fournir cet effort d’innovation en les poussant à être inventifs sur notre île et surtout leurs donner les raisons de venir travailler avec nous. La R&D est un pari sur le futur. Comme tout pari, il est risqué mais peut nous tirer collectivement vers le haut. Les outils permettant cela existent. Il fut un temps, l’idée d’implanter un accélérateur de particules dans la région bastiaise « courait » dans les ministères français. Ce projet international, pour de multiples raisons, sera utilisé dans une autre île que la notre : le Japon[2]. Il est certain que de tels projets sont exceptionnels mais qui nous empêche d’être ambitieux pour notre territoire ?

  • Conclusion

L’apport de la fonction Recherche & Développement pour un territoire est évident. Une île comme la nôtre pourrait prendre le pari de miser encore plus sur la plus-value que pourrait amener des projets innovants à notre secteur économique. Structurée et encadrée, cette stratégie Régionale d’Innovation pourrait porter ses fruits et faire enfin sortir notre île de la tenaille Tourisme/Agriculture. Un beau challenge ! Les scientifiques savent qu’il est très difficile de décrocher la lune mais qui sait, nous y arriverons peut-être ensemble ?

Jean-Louis Rossi

[1] Organisation de Coopération et de Développement économiques

[2] http://press.web.cern.ch/fr/press-releases/2013/06/laccelerateur-de-particules-de-nouvelle-generation-est-pret-pour-la-phase-de

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