La Bible un ouvrage riche d’enseignements
Quel est le livre qui représente le best-seller de l’humanité ? La réponse est sans équivoque la Bible. En effet, on estime à près de 40 millions le nombre de Bibles éditées chaque année sur la planète. Aucun ouvrage n’est en capacité de rivaliser depuis l’invention de l’imprimerie (1452-1454). Cet ouvrage a forgé plusieurs civilisations et est la base des trois principales religions monothéistes que sont le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam. Mais la Bible est bien plus que cela. Elle peut être appréhendée comme un apport historique et même plus encore sociologique. Elle permet une perception plus fine des civilisations. En effet, la Bible n’est autre que la saga d’un peuple qui peu à peu devient le miroir de tous les autres…
Salomon le grand roi
L’essor d’un empire
L’histoire que nous allons aborder est celle du plus prestigieux des rois d’Israël, le roi Salomon. Salomon est le fils de David et de Bethsabée, il est connu pour sa sagesse légendaire et on lui attribue plusieurs livres de l’Ancien Testament. À la mort de son père David, vers – 970 av JC, il assoit son autorité en se débarrassant de ses rivaux et en changeant tous les hommes clés du pouvoir. Puis, Salomon consolide les frontières de son royaume, bâtit des villes fortifiées et crée des axes routiers pour le commerce afin de développer des échanges avec l’extérieur. Il s’allie avec son ancien ennemi l’Egypte. Il fait naitre une chevalerie dont les membres sont recrutés dans les classes nobles et riches. Il se munit également d’une flotte. En parallèle de ce développement économique et de ces alliances politiques, il met en place une administration performante et fait d’Israël un empire extrêmement centralisé. Il se lance également dans une politique de grands travaux en commandant la construction d’un temple (le fameux temple de Salomon) accompagné de l’édification de palais royaux imposants dont l’architecte est Hiram.
Une crise économique et sociale
Ces changements furent trop rapides et bousculèrent une communauté paysanne. En effet, le passage de quelques tribus en un empire puissant en si peu de temps ne pouvait se passer sans casse ! En réalité, personne n’y était prêt même si tout le monde l’espérait. Les besoins de l’État étaient disproportionnés par rapport aux ressources. L’équilibre du budget était devenu improbable et réclama des sacrifices qui retombèrent sur… le peuple. La nouvelle noblesse, elle, est épargnée. De plus, les gouverneurs s’enrichissent au détriment des… administrés. Ainsi, le peuple se met à gronder car il s’aperçoit que le fossé social se creuse.
Les voix qui s’élèvent
Un homme, de condition humble et de valeur, va s’élever contre Salomon et galvaniser le peuple. Cet homme est Jéroboam. Homme lucide qui est conscient des injustices que subissent les humbles. Cet homme courageux ose critiquer la politique du roi qui n’accepte pas ses reproches. Il est donc contraint à la fuite et ira se réfugier en Egypte.
La chute finale
Lorsque Salomon meurt après quarante ans de règne, sa succession semble facile. Son fils Roboam lui succède à Sichem mais c’est alors que Jéroboam revient de son exil pour demander que les conditions sociales du peuple soient allégées, que la justice soit moins impartiale et qu’en d’autres termes le peuple retrouve sa dignité et ses droits. Sa volonté n’est pas de renverser Roboam mais de participer au gouvernement. Roboam ne l’entend pas de cette oreille et refuse de l’écouter. Il refuse donc d’écouter… le peuple. À partir de ce moment là, l’antagonisme entre les deux hommes augmente. Comme Jéroboam est du Nord et Roboam du Sud cet antagonisme engendre également un antagonisme entre le Sud et le Nord du territoire. La déchirure est inéluctable ! Le Nord finit par rejeter le Sud et la dynastie de David. Jéroboam devient roi des tribus du Nord. Le pays se disloque et l’Egypte en profite pour lancer des attaques tout en incitant les anciens ennemis de Salomon à récupérer leurs territoires. C’est ainsi que Rezon récupérera le territoire qui allait du Jourdain à l’Euphrate (Damas en fut la capitale). Tout s’effondre, le grand Israël n’est plus ! La chute finale interviendra en -587 avant JC lorsque Nabuchodonosor, roi de Babylone, détruit Jérusalem, tue les enfants du roi et emmène beaucoup de juifs en exil.
Salomon ou l’éternel recommencement
Cette histoire vieille de plus de 2000 ans semble être une constante de l’histoire de l’humanité. Un peuple envouté par un être d’exception, charismatique et intelligent est tout d’abord galvanisé et poussé à faire des merveilles. Puis, petit à petit, les dysfonctionnements arrivent, les injustices aussi : l’euphorie du début laisse place à la déception. Un fossé se creuse entre ceux qui profitent de la situation, la caste, et ceux qui restent sur le bord de la route. Les plus lucides alertent mais ne sont pas écoutés et sont souvent montrés du doigt et mis à l’écart. Face à l’autisme des personnes en charge de la gestion du groupe, ceux qui ne supportent plus cet état de fait ne peuvent que se révolter entrainant le désordre, l’affaiblissement de la communauté et souvent la chute de tout ce qui avait été construit ensemble pour le bien commun. Gageons que sur notre petite Île de Corse, notre peuple saura méditer ces histoires qui sont décrites dans l’Ancien Testament et dont la lecture et l’analyse ne peuvent qu’amener à être plus humble et intelligent face aux défis qui nous font face.
Jean-Louis Rossi
Une réflexion sur “TRIBUNE LIBRE : QUE RETENONS NOUS DES HISTOIRES DU PASSÉ ?”
Les commentaires sont fermés.