Coordinateur de la thématique : Pierre Poggioli
Le 31 Janvier 1988, lors de son 1er congrès, le FLNC, prenant acte de certaines évolutions internes et de la situation politique dans l’île, décidait, après nombre de débats sur la question, de populariser une notion nouvelle de la définition du Peuple corse, avalisant le concept de « Peuple corse communauté de destin » : « Le peuple corse comprend les corses d’origine et d’adoption, sans considérations d’origines, de religion ou de couleur de peau ayant décidé de se fondre dans un avenir commun sur la terre de Corse. ».
En octobre 1988, l’Assemblée de Corse adoptait une motion proposée par les élus nationalistes de l’époque définissant le peuple corse : « L’Assemblée de Corse affirme « L’existence d’une communauté historique et culturelle vivante regroupant Corses d’origine et Corses d’adoption » L’Assemblée insistait dans la motion sur le développement culturel (enseignement, langue, culture, histoire, patrimoine) et économique et social
Ces deux définitions complémentaires procédaient d’une vision inclusive du nationalisme refusant toute approche d’un nationalisme corse d’exclusion, mettant en avant une volonté d’intégrer toutes celles et ceux qui, non corses d’origine, avaient choisi et montré leur volonté de faire partie du peuple corse, vivant et travaillant dans l’île, y fondant une famille et une descendance, au sein d’une « communauté corse de destin commun », assumant et prenant à leur compte les devoirs et droits en découlant.
Aujourd’hui, en 2016, ces définitions sont-elles toujours ou plus que jamais d’actualité, comme le souhaitent certains, ou doivent-elles être rediscutées, voire revisitées, redéfinies ou remises en question, comme d’autres le voudraient, pour mieux prendre en compte les évolutions qu’a connues la société corse, une société insulaire qui n’est plus la société corse des années 80.
Ces problématiques et ces questionnements s’imposent à nous d’autant plus que nombre de voix s’élèvent dans l’île critiquant peu ou prou cette définition.
Il est évident pour nous que nous refusons d’entrée ces critiques lorsqu’elles proviennent de personnes, mouvements, ou quelconques structures politiques ou autres qui ont toujours nié ou nient la revendication nationale corse, qu’elles se situent à droite ou à gauche.
Il en est de même lorsqu’elles proviennent de personnes au passé anti-nationaliste, elles ou leurs proches, qui aujourd’hui, découvrent les vertus du nationalisme corse, après l’avoir critiqué voire combattu, l’accommodant à leur sauce particulière pour mieux refuser ses fondamentaux fondateurs.
Mais pour autant, nous ne pouvons cependant passer sous silence que certaines de ces critiques proviennent de franges de la population, s’inscrivant depuis les années 70 dans une démarche nationale spécifique corse, de militants/ militantes, anciens/jeunes, ou faisant partie de structures nationalistes ayant pignon sur rue et de nombreux élus dans les institutions de l’île, y compris à la Collectivité Territoriale de Corse, où les nationalistes sont désormais majoritaires depuis décembre 2015.
Au-delà du débat sulfureux droit du sang/droit du sol, au-delà du débat sur la conception de l’identité pierre angulaire de la revendication corse (Ipséité/ mêmeté/altérité/diversité/différence/intégration/assimilation/citoyenneté partagée) la colonisation de peuplement dénoncée depuis les années 70 par les nationalistes corses qui connait une progression inquiétante depuis les années 2000, pose question aujourd’hui quant à l’avenir de la communauté corse sur sa terre … certains allant jusqu’à parler de grand remplacement !!
Au-delà des positions réduisant cette colonisation de peuplement à la seule présence maghrébine musulmane, tout en acceptant, plus ou moins de manière assumée, la colonisation de peuplement d’origine française (ou autre origine « européenne ») en surfant sur le prosélytisme plus ou moins assumé d’une mouvance islamiste radicale/radicalisée et les attentats djihadistes, et/ou rejoignant de facto les positions chères à l’extrême droite française…
Au-delà des positions réduisant ces débats au seul positionnement humaniste et/ou antiraciste….
Au-delà des affrontements idéologiques entre une certaine extrême gauche corse et une nébuleuse extrême droite corse qui nolens volens surfe sur les positions du Front national…
Nombre de ces positions/postures tendent de facto à occulter, brouiller, réduire, voire dénaturer les véritables enjeux qui sont imposés à notre peuple et les nouveaux défis auxquels il doit faire face quant à son devenir… Un avenir depuis plusieurs années mis en danger d’une part par une mondialisation dévastatrice au plan économique et social et par conséquent au plan culturel /identitaire et d’autre part par le refus systématique et récurrent de l’Etat de prendre en considération ses légitimes aspirations et ses droits inaliénables sur sa terre, et ce dans le cadre d’un véritable Processus de solution politique négociée.
Le cercle de réflexion « « I Chjassi di u Cumunu », sollicité par nombre de personnes le suivant ou suivant ses travaux a décidé d’organiser un grand débat sans tabous pour sa rentrée d’octobre 2016 en donnant la parole autour du débat « Peuple corse historique et/ou communauté de destin » le jeudi 20 octobre 2016, a 19 h, 21 Rue Paul Colonna D’Istria (Ancien Mini-Racing-Face au Cullège des Padules).
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