Synthèse de la réunion du jeudi 07 avril 2016, 19,
à Ajaccio, 21 Rue Paul Colonna D’Istria
(Ancien Mini-Racing-Face au Collège des Padules)
« Les moyens de communication en Corse »
Coordinateur : P Medurio
Secrétaire de séance : Jean-Louis Rossi
Assistance : 52 personnes
Début de la réunion : 19 h 10
Fin de la présentation par les membres du cercle : 19 h 42
Début des interventions des membres de l’assistance : 19 h 49
Fin de la réunion : 21 h
Déroulement de la réunion
Hommage à Paul Casalonga et minute de silence en sa mémoire
- Introduction : JL Rossi
- Présentation avec support numérique : P Medurio
- Parole à la salle :
- Bâton de parole : R Taddei
- Synthèses : P Poggioli
- Conclusion : P Poggioli
Interventions
Remarque : les noms reportés sont ceux donnés par les différents intervenants lorsque ces derniers veulent bien indiquer leurs identités.
S Barbolosi
- J’ai écouté avec beaucoup d’attention la présentation.
- L’objectif est difficile à atteindre et nous pouvons constater des déperditions dans l’argent investi car les structures sont males pensées.
- Les horaires sont souvent problématiques et ne sont pas en adéquation avec les besoins des usagers.
- Nous avons des problèmes pour nous déplacer. Il n’y a pas que les touristes qui ont du mal à venir et partir de Corse.
- Le réseau routier est également problématique.
- Nous avons besoin de nous déplacer à des prix raisonnables et facilement !
- Où est la continuité territoriale ?
- Où passe l’argent ?
Intervenant 1
- Existent-ils des études sur les besoins ?
- Combien de corses sont intéressés pour aller vers une destination ou une autre ?
D Luciani
- Mon métier et mes études m’ont donné l’opportunité de me déplacer assez souvent.
- Dernièrement, mes travaux de recherche m’ont amené à me déplacer et la durée du déplacement pour arriver à destination est révélatrice d’un système :
- Paris : durée du déplacement 1 journée,
- Sardaigne : durée du déplacement 4 journées,
- Barcelone : durée du déplacement 1 semaine.
- Ce système favorise les relations uniquement orientées vers la France.
- C’est un choix !
- Pourquoi ne pas favoriser Livourne plutôt que Marseille pour le fret ?
- Ce système repose sur une économie assistée.
- Il faut développer d’autres lignes.
- Le besoin se crée !
JD Rossi
- Si l’on veut comparer les différentes régions en Méditerranée au niveau de leurs moyens de communication, il semble judicieux de comparer également leurs situations politiques.
- Il faut également prendre en compte un critère qui est celui du confort lors des transports.
- En fait, quand on nous a dit que l’on avait désenclavé la Corse en mettant en place des infrastructures, les corses eux sont restés enclavés.
- Quel est le but quand on développe les transports ?
- Prenons le cas de Corte, ville universitaire : comment expliquer son enclavement ?
- En réalité, on a voulu laisser la Corse dans la dépendance.
P Poggioli : première synthèse
- La question majeure soulevée : pourquoi favoriser certains échanges ?
- À l’évidence cela relève d’une décision politique.
- Il y a la problématique des emplois à prendre aussi en compte.
- Ne pas oublier les intérêts locaux qui ont tendance à favoriser ce système.
- Il y a également la problématique de l’impact des structures et des moyens de transport sur l’environnement.
- Nous pouvons maintenant nous pencher sur la notion de handicap lié à l’insularité.
T Fieschi
- Les dernières évolutions en Corse nous laissent entrevoir un espoir de sortir d’une situation qui existe depuis les lois douanières.
- Il faut absolument sortir de son corollaire, le marché captif qui conduit à la soumettre les corses à des pouvoirs économiques.
- Le marché est captif : dépendance des corses à des pouvoirs économiques.
- Notre ancrage à l’Europe ne peut plus passer exclusivement par Marseille !
- Il faut s’ouvrir à d’autres axes.
- Il faut également revoir notre économie autrement : la rendre productive. Par exemple, en favorisant les exploitations maraîchères.
JP Arrio
- La Corse n’a jamais produit de réflexion sur l’économie.
- Les transports sont censés être au service de l’économie.
- Il est donc impératif de mener une réflexion sur l’économie.
- Si nous nous déplaçons en Europe nous voyons que Marseille est excentrée et isolée.
- Marseille n’est pas sur l’axe Sud/Nord de l’Europe.
- Pour avoir des transports efficients, il faut réfléchir en terme d’économie.
J Ferrari
- Le lien entre économie et transport est très complexe.
- Pourquoi en sommes-nous là ? :
- 1770 : monopôle de pavillon. La Corse est isolée.
- 1912 : Lois douanières.
- 1973 : Continuité territoriale.
- Moyen pour l’État d’arrimer définitivement la Corse à la France.
- Vide la Corse au lieu de la remplir.
- Il faut donc supprimer cette continuité territoriale.
- Je suis contre une compagnie publique.
- L’argent de l’enveloppe de la continuité doit être redéployé sur de gros investissements en Corse.
- La coopération avec nos voisins en Méditerranée doit être beaucoup plus importante : il faut pour cela une volonté politique !
S Barbolosi
- La question que je me pose est la suivante : Comment allons-nous faire pour financer toutes les structures nécessaires pour rattraper le retard.
- Je suis en phase avec Jean.
JP Arrio
- Financièrement, il y a des ressources.
- Par exemple, les taxes sur les transports sont plus élevées en Corse qu’ailleurs.
- Il faut juste réussir à mieux affecter leur produit.
M Defranchi
- Les transports ne sont qu’un outil au service de l’économie.
- Pour des raisons sociales, les transports vers l’intérieur doivent être favorisés.
- Pour les transports vers l’extérieur : qu’est-ce que l’on a à transporter ?
- La réponse à la dernière question : le touriste.
- Dans ce sens, cela marche plutôt très bien.
- Nos transports vers l’extérieur sont en adéquation avec notre développement économique actuel.
- Si on regarde le cas du port de Bastia : que vont faire les passagers débarqués ?
P Medurio
- Pourquoi ne parle-t-on jamais d’économie ?
- La continuité territoriale a été un moyen détourné utilisé par l’État pour injecter de l’argent :
- Pour le port autonome de Marseille,
- Les chantiers navals français.
- La classe politique a été docile pour ne pas dire autre chose.
- Les transports ne sont pas seulement une conséquence d’un besoin économique.
- Ils sont aussi un moyen de développer une économie.
- Il y a donc une réciprocité.
D Luciani
- Le rapport entre économie et transport ressemble à la problématique de la poule et de l’œuf : qui précède qui ?
- Le traité de Versailles a eu comme conséquence le démantèlement de la flotte corse.
- La continuité territoriale est un asservissement.
- Il y a la problématique des emplois (pas de rapport avec l’économie).
- Il y a aussi la problématique des lobbies à prendre en compte.
- Pour les transports intérieurs : un élu éminent de l’ancienne majorité territoriale m’avait dit que le tunnel de Vizzavona n’était pas possible… techniquement !
P Poggioli : seconde synthèse
- Les transports doivent être pensés pour une économie bien définie.
- Les transports actuels sont la conséquence de choix qui nous sont imposés de l’extérieur.
- Il y a également des handicaps internes.
- Ce qui nous apparaît comme une aberration est tout à fait normal pour ceux qui l’ont décidé pour nous.
- N’y-a-il pas intérêt à réduire les infrastructures qui servent seulement certains intérêts ?
M Segondy
- La présentation a été très instructive.
- Il va falloir repenser les choses.
- Pour la venue des touristes, il faut absolument étaler la période.
- Il faut aller chercher de nouveaux marchés vers le nord de l’Europe.
- Pour le réseau routier, il est impératif de repenser son développement car les usagers souffrent !
- Problème : réussir à capter les fonds FEDER devient de plus en plus difficile.
- Une taxe de séjour doit permettre de financer les infrastructures et ne plus nous échapper.
O Berdardini
- Nous disposons de 7 ports et 4 aéroports.
- Cela génère des emplois.
- Ces personnes travaillent ici, dépensent chez nous et jouent donc un rôle important dans l’économie locale.
- S’il faut « dégraisser le Mammouth », bon courage !
- Surtout que la plupart de ces emplois sont des emplois « politiques ».
- Je nuancerais le bilan que je viens d’entendre sur l’état de nos routes et qui est taxé de noir. Je le qualifierais pour ma part de « gris ».
- Il y a depuis quelques années des améliorations notables :
- Caméras à Vizzavona.
- Tronçons avec possibilités de dépassement.
- Amélioration du déneigement.
- Je ne suis pas prêt à voir des tunnels et des ponts défigurer mon île comme j’ai pu le voir dans les exemples de l’exposé.
- Bien entendu qu’il faut changer les choses et améliorer le réseau.
- Nous avons beaucoup de retard.
- Il faut repenser les tracés et revoir les schémas routiers.
P Medurio
- Nous sommes très en-dessous d’ailleurs.
- Nos retards sont évidents !
- La priorité sur le réseau routier doit être le tunnel de Vizzavona.
- Nous pourrions envisager un système de financement qui intègrerait un péage comme le préconise un économiste.
- Pour l’ensemble de notre système de transports, il faut s’inspirer de ce qui est fait ailleurs.
M Leandri
- Je suis un professionnel qui vit en partie du tourisme.
- Il y a une chose dont je suis certain : il faut aider les gens à venir passer des séjours chez nous.
- Le tourisme aide le développement.
- Le touriste a changé ses habitudes : il se déplace beaucoup durant son séjour.
- Il faut dont envisager de développer notre réseau interne.
- J’ai néanmoins des doutes en ce qui concerne l’esprit entrepreneurial « infusé » par une structure.
- Il faut néanmoins faire attention à ne pas « défigurer » nos paysages qui sont une richesse de notre territoire.
- Pour ce qui est des transports vers l’extérieur, la question principale est : Que doit-on exporter ?
S Barbolosi
- Je vais « rebondir » sur 2 ou 3 petites choses.
- Si nous voulons augmenter le nombre de touristes l’hiver, il va falloir faire suivre les infrastructures touristiques insulaires.
- Que veut-on réellement ?
- Être compétitifs ?
- Si nous nous développons économiquement parlant, il est impératif d’améliorer les infrastructures de communication internes.
- Le problème d’Olmeto est symptomatique !
- Ce qui est paradoxal, c’est que nous sommes perpétuellement en rénovation du réseau routier et que les trajets prennent de plus en plus de temps sur un même parcours.
J Grimaldi
- Les ponts qui ont été montrés dans les exemples dénaturent les paysages.
- Je suis contre ce type d’infrastructures.
- Il est possible d’améliorer le réseau routier sans défigurer notre territoire.
- À quoi bon essayer d’améliorer le réseau routier si la problématique des animaux en divagation n’est pas résolue ?
- Il faut faire attention aux comparaisons : Malte a un excellent réseau routier mais a d ‘énormes problèmes sur son réseau électrique par exemple.
- Il faut donc nuancer les conclusions.
- Il faut réfléchir en temps de trajet.
Intervenant 2
- Attention à certaines infrastructures.
- Par exemple : les rocades qui contournent les agglomérations pour diminuer les temps des trajets, tuent ces agglomérations (Francardo, Bocognano…).
M Defranchi
- Doit-on garder le Pays sous cloche ?
- Doit-on faire que du tourisme ?
- En fait, notre débat revient à débattre du choix économique que nous désirons.
- Pour ce qui est des infrastructures, je ne trouve pas que l’ouvrage du Viaduc de Millau, tout imposant qu’il soit, dénature le paysage. Je le trouve même beau !
JP Arrio
- La Corse change car nos villages se retrouvent la plupart du temps avec 10 habitants.
- Ceci, en partie, à cause de la qualité de notre réseau routier !
- Les rocades permettent aux villageois de retrouver de « l’oxygène ».
- De ne pas subir le trafic routier.
- Il se peut qu’en améliorant le réseau routier les gens se réinstallent dans certains villages.
- L’architecture est un art. Ce qui semble peu esthétique aujourd’hui peut être très prisé demain.
- Ce qui pose problème, en termes d’esthétique, ce ne sont pas les ouvrages d’art, mais plutôt l’architecture.
- Dans une ville comme Ajaccio par exemple, on ne peut pas dire que c’est une réussite au niveau esthétique !
- Le modèle existant est ancien de 60 ans !
C Taddei
- Nous parlons de temps des trajets.
- De confort des transports.
- Sur certains tronçons, c’est l’accessibilité qui est en question : exemple de la route de Matra.
F Squarcini
- La beauté des paysages est une de nos richesses.
- Il serait dommage de sacrifier cette qualité de notre Île.
- Une attente forte est la réalisation du tunnel de Vizzavona.
D Luciani
- Pour être de Francardo, je peux vous dire que la rocade est un bien pour les villageois.
- Nous n’exportons rien car nous ne produisons rien !
- Nous sommes devenus exclusivement des consommateurs.
P Poggioli : conclusion
- Il y a un lien évident entre transport et économie.
- Les transports sont imposés par le développement économique.
- La question primordiale est : Quel choix économique devons-nous faire ?
- Les problématiques en cascade sont :
- Est-ce que nous prenons vraiment les décisions ?
- Peut-on avoir une prise de décision politique locale ?
- Est-ce que les transports doivent aider le développement de notre filière agricole ?
- Comment appréhender le choix de société au niveau social ?
- A-t-on la classe politique en capacité de répondre à cette problématique ?
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