COMPRENDRE LE SCRUTIN DE DÉCEMBRE 2015

Dans une récente réflexion sur la préparation des futures territoriales de décembre 2015, l’un de nos membres relevait deux points importants :

  • l’absence de programmes ou de grandes lignes d’actions à quelques mois de l’échéance ;
  • une agitation générale et désordonnée dans la préparation de cette échéance qu’il expliquait par deux lectures sociologiques de la société Corse.

NB 1 : voir le billet intitulé « Préparation des territoriales : guerre picrocholine ou malédiction des pharisiens ? » 

Le présent billet complète cette réflexion en apportant quelques données en termes électoraux.

L’assemblée de Corse est composée de 51conseillers dont la désignation obéit aux règles définies par les articles L 366 et suivants du Code électoral.

La liste qui obtient la majorité absolue (la moitié plus un) des suffrages exprimés se voit attribuer neuf sièges complémentaires. Les sièges restants soit 42 (51- 9 = 42) sont répartis entre toutes les listes en présence, à la représentation proportionnelle.

L’expérience révèle que cette hypothèse ne s’est jamais réalisée et ce n’est pas la diversité des listes déjà annoncées (deux à droite, trois au moins à gauche) et celles à venir qui le permettra.

Dès lors il est vraisemblable qu’il y aura un second tour auquel ne seront admis à concourir que les listes ayant obtenu au premier tour un nombre de suffrages au moins égal à 7 % du total des suffrages exprimés.

Mais pour permettre d’intégrer au mieux la représentation de la volonté des électeurs les listes qui auront atteint au moins 5 % des suffrages exprimés et ne se présentent pas au second tour pourront fusionner avec une autre liste.

Il faut donc avoir en tête deux chiffres : 7% des suffrages exprimés pour être au second tour et 5 % des suffrages exprimés pour pouvoir fusionner avant le second tour.

Le facteur qui commande ces deux portes d’entrée au sein de l’Assemblé de Corse est le nombre de suffrages exprimés.

Penchons nous sur le passé, les élections territoriales de 2010 et les législatives de 2012 pour en avoir une appréciation réelle.

Les suffrages exprimés ont été les suivants :

Tableau_13_1

Le nombre de suffrages exprimés s’obtient en retranchant aux inscrits les abstentionnistes et les blancs ou nuls.

Il convient donc en premier lieu de situer à quel niveau seront les électeurs inscrits en décembre 2015.

D’un scrutin à l’autre, le nombre d’électeurs inscrits est passé de 213 312 à 220 178, soit une augmentation de 6 866 en nombre et 3,22 % en pourcentage, ce qui donne une augmentation annuelle de 1,61 % :

Tableau_13_2

Sachant qu’il y a eu des municipales en 2014 qui ont donné lieu à une recherche d’électeurs potentiels pouvant être inscrits dans chaque commune, le pourcentage annuel de 1,61 % peut être reconduit sans crainte et multiplié par trois puisqu’il y a, cette fois, trois années qui séparent les législatives de 2012 et les territoriales de 2015.

Ceci donne une augmentation de 1,61 % * 3 soit 4,83 % par rapport au nombre d’électeurs inscrits en 2012 :

Tableau_13_3

Conclusion 1 : le nombre d’électeurs inscrits en décembre sera de l’ordre de 231 000. 

Le nombre de suffrages exprimés lors des deux scrutins examinés a varié entre les valeurs suivantes : 59,61 % (1er tour des législatives 2012) et 67,42 % (2ème tour des territoriales 2010).

Dès lors nous allons envisager quatre hypothèses se situant entre ces ceux valeurs pour déterminer les suffrages exprimés de décembre 2015 : 59 % d’abord, 62 % ensuite, puis 65 % et enfin 68 %, ce qui donne le tableau suivant :

Tableau_13_4

À l’expérience la valeur la plus haute et la plus basse sont irréalistes pour un premier tour d’élection territoriale. La participation retenue se situe donc dans une fourchette allant de 62% à 65 %.

Conclusion 2 : il faudra 7 200 à 7 500 suffrages pour atteindre le seuil de 5 % afin de pouvoir fusionner.

Conclusion 3 : la barre des 7 % pour être au second tour est comprise entre 10 000 et 10 500 suffrages. 

Ces valeurs complètent l’explication sur l’absence de programme et l’agitation générale et désordonnée présentée dans le billet précité.

Pour mesurer la difficulté de l’exercice il est bon de rappeler les résultats du premier tour des territoriales de 2010 :

Tableau_13_5_bis

Conclusion terminale : les électeurs assistent pour le moment à un spectacle d’ombre où des accords potentiels sont jugés et calibrés par rapport aux personnalités occupant un territoire électoral et des éventuels apports en suffrages qu’ils pourraient apporter dans une union électorale. 

Question terminale : donneront-ils leurs suffrages sur ce seul critère ou leur choix dépendra t-il des perspectives crédibles de développement de l’île que les candidats potentiels sauront ou pas donner ?

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