SYNTHÈSE DE LA RÉUNION PUBLIQUE DU MERCREDI 22 MARS 2017, BASTIA

Thème de la réunion :

« La Corse : Un an après »

Lieu : Maison des Associations de Bastia,

Rue Saint Angelo, 20200 Bastia

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  • Coordinateur de la thématique : P. Poggioli
  • Secrétaire de séance : S. Marchetti
  • Assistance : 24 personnes
  • Début de la réunion : 18h40
  • Fin de la présentation du thème : 18h50
  • Début des échanges avec la salle : 18h50
  • Fin des échanges avec la salle : 20h30

Déroulement de la réunion

  1. Introduction : S. Marchetti
  2. Présentation : M. Simeoni
  3. Parole à la salle :
    • Explication du principe de la prise de parole : I. Pasquali
    • Chairman : P. Poggioli

Échanges

Remarques :

  • Une synthèse est un moyen de retranscrire les idées maîtresses développées lors des échanges par les différents intervenants. Elle permet d’avoir une vue d’ensemble de la réunion publique et ne prétend pas rapporter mot à mot ce qui a été dit.
  • Les noms reportés sont ceux donnés par les différents intervenants lorsque ces derniers ont bien voulu indiquer leur identité. Toutes les interventions dont la personne n’aura pas décliné son identité seront attribuées à l’intervenant Y.

Première partie : Le bilan de cette nouvelle majorité lors de cette courte mandature

F. Capirossi

  • Le hasard a amené les nationalistes au pouvoir.
  • On a l’impression que sur cette liste menée par les nationalistes il y a des gens qui n’ont pas l’expérience des mouvements (on pourrait même dire que certains n’ont pas de passé nationaliste), et le résultat est qu’ils laissent tomber l’exécutif dans la défense des dossiers importants pour l’avenir de l’Île.
  • Il est nécessaire de construire une organisation politique de type Femu à Corsica car il faut une organisation suffisamment structurée pour organiser les débats.
  • Avis donné sur le PNC : désillusion sur la démocratie participative à l’intérieur des partis, en particulier celui où je suis encarté.
  • Quand on était dans l’opposition on disait aux militants de ne pas diviser, car les capimaghja étaient dans les mouvements, aujourd’hui ces mouvements sont abandonnés.
  • La difficulté pour désigner des candidats aux législatives réside surtout dans la difficulté à trouver de bons représentants et illustre bien les propos tenus précédemment.

R. Micheli

  • La corse c’est 25 000 demandeurs d’emploi (la moitié de la ville de Bastia).
  • 64 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté (équivalent à la ville d’Ajaccio), le débat qui gravite autour est clivant socialement.
  • De ce fait qu’avons-nous comme tissu économique pour construire une société d’avenir ?
  • Le tissu économique se compose de trois parties :
    • Immobilier (BTP)
    • Tourisme (difficulté à gérer les déchets)
    • Emploi public (les dotations d’État diminuent, tarissement)
  • Enfin il y a les TPE (peu de moyen), ou encore des PME qui représentent 65 % des emplois en Corse. Est-ce un avenir ? Le débat est ouvert.

A. Chalaris

  • Le bilan que l’on peut tirer :
    • « L’esprit nationaliste », « l’idéologie nationaliste » manquent, voire sont absents de la politique menée actuellement.
    • Le nationalisme doit aller vers la mise au pouvoir du peuple. Il ne doit être une simple opposition de partis politiques.
    • L’objectif est la libération sociale.

M. Simeoni

  • Il est difficile de faire un bilan car la période est courte. Néanmoins, nous pouvons constater qu’elle fait suite à une longue période gérée suivant des pratiques archaïques.
  • Les discours en période électorale sont toujours des discours de communicants.
  • Nos dirigeants actuels ont mis des idées en avant (transport, ruralité…) mais ce premier bilan n’est pas en parfaire adéquation avec les attentes du Peuple. Nous attendons un bilan plus tourné vers le Peuple.
  • La Corse a été le réservoir d’hommes en période coloniale, en période de guerre… mais aujourd’hui c’est le territoire qui intéresse (Europe, résidences secondaires).
  • La Corse devient ainsi une marchandise en tant que terre. Cet état de fait blesse les corses.
  • S’il n’y a pas une prise de conscience du peuple, cela engendrera un combat sans fin.
  • L’enjeu attendu de ce mandat nationaliste consiste donc à rendre une âme au Peuple corse.

S. Cagninacci

  • Je vous livre ma propre réflexion hors parti hors syndicat.
  • Bilan difficile à faire.
  • La politique mise en place séduit de plus en plus de monde, car il y a une mise en place d’une politique progressiste.
  • J’ai l’impression que l’on met en avant des idées sur la Corse et non des idées (voire des intérêts) individualistes ce qui est une bonne chose. .
  • La politique mise en place aujourd’hui est la bonne, tant sur le fond que sur la forme.

J.-L. Rossi

  • Bilan difficile à faire !
  • Bon changement sur la forme.
  • Le problème vient des personnes en charge de la CTC car ce sont les mêmes qui ont en charge les mouvements politiques.
  • De ce fait, il existe une réelle difficulté à être présent partout.
  • Principalement dans l’optique de faire fonctionner les mouvements de manière plus démocratique.
  • La volonté populaire de voir se créer un grand mouvement politique nationaliste est indéniable.
  • Les attentes sont différentes des résultats, mêmes bons, apportés aujourd’hui.
  • Une des problématiques fondamentales réside dans le fait que les Corses se sentent en danger sur leur propre terre en tant que peuple légitime.

T. Biaggi

  • Point positif du bilan, c’est le choc politique provoqué par cette victoire : le Peuple corse existera et restera.
  • L’idée de rupture avec le passé est importante.
  • L’avenir sera à la rupture et non à la normalisation des liens politiques.
  • Bilan positif sur le plan psychologique.

E. Barbieri

  • Un an d’espérance !
  • Ce qui manque à ce guvernu corsu, c’est qu’il n’a pas trouvé les réponses aux problèmes géopolitiques.
  • Si le peuple né sur cette terre n’est pas en capacité de protéger/vendre son patrimoine (en tant que savoir-faire), en particulier ce qu’il produit comme la farine de châtaigne, où est l’âme de cette terre ?

P. Filippi

  • Si on doit faire un bilan, ce qui semble difficile, on peut retenir la victoire du Peuple corse. La victoire de l’image. L’image en forme de message.
  • Il y a enfin la prise en compte du Peuple corse.
  • Il y a indéniablement de l’intégrité dans cette gestion. Mais aussi de la peur de se faire marginaliser.
  • Néanmoins, on peut constater un embourgeoisement de la classe politique.
  • En effet, il y a peu de place sur les listes pour les gens de la terre, pour le monde paysan.
  • Il faut sortir de la bipolarisation Aiacciu/Bastia.

M. Simeoni

  • Nous sommes remplis de contradictions :
    • La rupture dans l’image est acquise, mais ce n’est pas la réalité concrète, cela reste une image.
    • Nous n’avons aucun droit sur ce territoire, il appartient à la République. On nous a fait croire qu’heureusement que Marianne est là !
    • Cependant, désormais avec l’argent qui découle de l’entreprise générale touristique, on est tenté de nous faire croire que la Corse est créatrice de richesse.
  • Dans ce contexte, le mandat ne sert pas à grand-chose si ce n’est à servir de frein aux dérives qui étaient devenues des coutumes.
  • Les lois de la République ne peuvent pas être en notre faveur. Elles sont jacobines, et donc contraires à nos particularités.
  • La contradiction nait ici : Nos politiques sont des plaideurs, défendent nos intérêts à Paris, tout en étant obligés, en Corse, d’avoir un discours autonomiste, à minima.
  • Le grand principe de l’égalitarisme républicain nous bride.
  • Il y a une réelle hostilité des jacobins, qui nous accusent de discrimination quand on défend les intérêts de notre terre. Le meilleur exemple étant la défense de la langue corse.

F. Capirossi

  • Nous étions (le mouvement national) initialement contre les élections nationales françaises (rappel d’un tract titrant a Trappula, à propos d’élections législatives dans les années 1980).
  • Cependant, l’arrivée aux responsabilités a changé la perception du nationaliste par la population : notre famille politique est désormais capable de gérer une institution.
  • Le danger des élections est de faire « naître » des personnalités nationalistes. Beaucoup profitent de la vague de succès électoraux, derrière la personnalité de Gilles Simeoni, pour introduire le cénacle.
  • Le problème est qu’étant idéologiquement aux antipodes des idées nationalistes ils ne suivent pas toujours la famille nationaliste lorsqu’ils sont élus.
  • Le nationalisme moderne fait donc naître des arrivistes.

P. Filippi

  • Attention à ne pas se faire voler sa victoire et ainsi faire naître le doute.
  • Il n’est pas nécessaire de tout attendre des institutions françaises.
  • Il est possible de trouver les moyens de se dégager de cette étreinte.
  • Par exemple : lancer bénévolement une pétition en Italie pour connaître le pourcentage de la population italienne qui est pour l’autonomie de la Corse. Car souvent, on réduit le nationalisme à du régionalisme.
  • Il faut trouver une parade à la logique Paris-Bruxelles.
  • Trouver une résonnance internationale. Ne pas croire en un seul modèle possible de gouvernance.

A. Chalaris

  • L’enjeu est la propre conscience du Peuple Corse.
  • Nous ne devons pas croire à une reconnaissance extérieure.
  • Nous devons croire en nos chances et en nos richesses.

M. Simeoni

  • Trouver un juste milieu entre les aides financières françaises, notamment dans le domaine agricole, et la possibilité de s’émanciper, c’est-à-dire en l’autonomie de la Nation à aider ses propres agriculteurs par exemple.
  • L’internationalisation se met en place : lien avec Malte, Bruxelles, Catalogne, Sardaigne et même Vatican.
  • Le pouvoir auquel nous sommes astreints ne nous donne pas ce que nous voulons, il nous encercle.
  • Il faut une reconnaissance du Peuple corse dans un cadre qui soit le nôtre.

F. Capirossi

  • Il y a un manque criant d’organisation dans la représentation du nationalisme au travers de l’ensemble des institutions dirigeantes.
  • En particulier, dans la décision démocratique au quotidien (exemple : le problème des grandes surfaces et dans les commissions départementales qui en décident l’implantation).
  • Les nationalistes ne sont pas encore assez investis dans les problèmes du quotidien.
  • Besoin d’occuper le terrain en permanence, et ne pas croire que seuls les représentants à la CTC sont suffisants pour l’ambition nationaliste.

Synthèse de la partie 1 par P Poggioli :

  • Synthèse rapide de la réunion ajaccienne sur le même thème.
  • Différence entre la réunion ajaccienne et bastiaise sur le même sujet.
  • Difficultés à donner un bilan pour l’action de l’actuelle majorité à la CTC.
  • Un constat : les élus ne peuvent pas tout faire.
  • Mise en avant de l’importance de voir les mouvements mieux organisés.
  • En réalité, le problème n’est pas la CTC, mais finalement ce que veut faire le Peuple corse.
  • Les problèmes de fond du Peuple corse ont été mis en avant.
  • Il y a une forme d’impatience malgré un sentiment plutôt positif sur l’action des élus de la CTC.

Seconde partie : Les attentes

A. Luciani

  • Difficulté pour moi de porter un regard critique de par ma fonction.
  • Aujourd’hui malheureusement les modèles proposés par notre famille politique lors des campagnes électorales ne sont pas en accord avec la réalité du terrain.
  • Exemples des contradictions actuelles entre idéologie nationaliste et politique pragmatique : certaines personnalités nationalistes sont impliquées dans l’immobilier et peuvent parfois avoir des projets contraires aux grands idéaux nationalistes. Il en est de même dans le milieu agricole.
  • Il y a donc des difficultés pour concilier un idéal nationaliste avec un comportement qui met en danger notre terre.
  • Il va donc falloir du courage, dans l’avenir, pour les élus pour défendre au mieux nos idéaux.
  • Dans le futur, il va falloir trouver un consensus  entre revendications et réalisme.

A. Chalaris

  • Comment être nationaliste et ne pas avoir au quotidien un comportement en adéquation avec les grandes idées du Mouvement ?

F. Capirossi

  • Il faut réfléchir sur notre place à l’intérieur du Peuple corse ?
  • Avoir en commun notre volonté de défendre le bien commun.
  • Il est impératif de ne pas cliver la société.
  • Chacun doit pouvoir s’intégrer au fonctionnement de l’Île.

P. Filippi

  • Le monde paysan est dans sa grande majorité non-nationaliste.
  • On peut même dire qu’il est dans sa grande majorité soumis au clanisme (politique des aides inégalitaires).
  • Il faut soulever le problème de l’embourgeoisement de la classe nationaliste, le monde rural est laissé pour compte.
  • Pour réguler les conflits d’intérêts, le monde rural doit être réorganisé.
  • L’agriculture doit être au cœur du projet nationaliste.

J.-L. Rossi

  • La France nous a vaincu avec les armes mais surtout en distribuant des titres à des familles corses pour avoir des relais locaux et cela a bien fonctionné.
  • Aujourd’hui, on ne distribue plus de titres mais on essaye de calmer les choses, ou du moins on a essayé, en créant un réseau de personnes redevables profitant du système (le clientélisme).
  • La difficulté est que du point de vue économique, la Corse produit peu ou pas.
  • Notre société a muté.
  • Combien sommes nous réellement à reconnaître que nous sommes un Peuple légitime sur cette terre ?
  • Nous devons œuvrer à convaincre les nôtres de la pertinence de nos revendications.
  • Il faut également prendre en compte le fait qu’il y a eu un passage d’un monde rural à une société urbaine.
  • Ce passage a été difficile et engendre des conflits d’intérêts.

R. Micheli

  • Le problème économique posé au travers du prisme de l’agriculture est, en réalité, le miroir des difficultés de la Corse.
  • Pas de projet d’avenir ! Par exemple pourquoi l’exécutif ne dit pas : « il faut passer de 3% à 6% du PIB » concernant la part qu’y occupe l’agriculture. Pourquoi il n’existe pas une vision globale de l’économie insulaire ?
  • Idem pour le problème de l’énergie et le problème des déchets.
  • L’économie doit-être au cœur du projet de société, au cœur du projet d’avenir. Elle doit être le socle de tout autre projet.
  • L’Exécutif doit définir plus précisément les grands axes du tissu économique qu’il veut bâtir pour la Corse.

M. Simeoni

  • La grosse difficulté est que si nous ne sommes pas collectivement (en tant que Peuple) au cœur du problème posé nous sommes perdus.
  • À qui profite l’investissement fait en Corse ? Par exemple celui des grandes surfaces.
  • Comment faire une agriculture compétitive alors que nous avons été mis à tapis ?
  • Il y a une incompréhension entre les chiffres du PIB et la réalité de terrain. À qui profite la création des richesses en Corse ?
  • Nous nous sommes piégés nous-mêmes, les cadres sont montés aux affaires, mais sur le terrain ces cadres manquent.

Synthèse de la partie 2 par Pierre Poggioli :

  • La synthèse est difficile à établir, tant le sujet a inspiré et laissé place à diverses suggestions.
  • Dualité entre le positionnement nationaliste et la vie du quotidien.
  • Déplacement du cœur de la Corse des campagnes vers les villes.
  • Comment s’extirper du virus électoraliste ?
  • Que devons-nous renvoyer comme image ?
  • Une question à laquelle nous devons nous intéresser est de savoir combien de gens reconnaissent le Peuple corse ? Combien sur l’Île même, d’insulaires, reconnaissent le Peuple corse ?
  • Il faut dresser un état des lieux de la Corse.
  • Dans le milieu agricole, l’adéquation entre idéaux nationalistes et problèmes du quotidien reste une problématique délicate.
  • Le temps des débuts du nationalisme, où les militants disaient « nous avons plus de devoirs que de droits  » est révolu !
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